La mise en terre de certains arbres dans le cadre du programme d’asphaltage des rues des villes du Bénin ne respecte pas les normes établies par les spécialistes en la matière, ce qui pourrait entraîner des problèmes environnementaux et structurels à long terme. C’est le constat d’un architecte paysagiste
Invité sur la chaîne de télévision privée TVC Bénin, ce dimanche 2 juin 2024, Jean Fidèle Adoukonou, architecte paysagiste, a exprimé ses inquiétudes quant aux insuffisances observées dans la mise en terre des arbres dans le cadre du programme d’asphaltage des rues des villes du Bénin, visant à promouvoir un environnement vert. « Il y a des normes en matière d’alignement d’arbres. Vous mettez le caïlcédrat à 1,50 mètre d’une concession, les dégâts sont inévitables », a-t-il expliqué.
Le spécialiste a relevé des erreurs de placement dans les carrefours, où des plantes comme les lauri-fleurs, capables d’atteindre jusqu’à 5 mètres de hauteur, sont plantées sous des panneaux solaires. « Les arbres cherchent le soleil, et en cherchant le soleil, ils se courbent, leurs branches s’étendent sur la chaussée. C’est à Porto-Novo et c’est très scandaleux », a-t-il ajouté.
L’architecte paysagiste a poursuivi en évoquant des cas observés dans la capitale, toujours à Porto-Novo. Il a décrit des situations où des goyaviers sont plantés à des distances inadéquates, rendant impossible l’entretien du gazon. « On met des goyaviers sur 3 mètres, on en met 4 ensemble. En faisant cela, il n’y a plus d’espace pour étaler le gazon, même avec une tondeuse à main, c’est difficile. On met d’autres plantes touffues, je n’ai jamais vu ça. C’est comme si on voulait juste recouvrir le sol de quelque chose sans penser à l’évolution de l’espace vert dans 5, 10 ou 20 ans », a-t-il déploré.
“J’ai appelé des gens pour leur dire que ce n’est pas normal. Avez-vous une notion de contrôle? Avez-vous un plan d’aménagement? Ceux qui exécutent ces travaux ne savent pas lire les plans d’aménagement. Qui a réalisé ces plantations ?”, a-t-il questionné.
Penser à l’avenir lors de la planification des espaces verts
Jean Fidèle Adoukonou a insisté sur l’importance de l’anticipation dans l’architecture paysagère. « Quand l’architecte paysagiste travaille, tout comme l’architecte de bâtiment ou d’intérieur, il anticipe. Dans 10 ans, comment cet espace sera-t-il? Les arbres auront quelle taille? Planter quatre goyaviers ensemble, que veut-on en faire? » a-t-il conclu, appelant à une réflexion plus approfondie et à une meilleure planification pour assurer la durabilité des espaces verts urbains.