Sur les chantiers de construction du Bénin, le métier de ferrailleur, bien que méconnu et peu modernisé, joue un rôle essentiel dans la construction d’infrastructures solides. Équipés d’outils rudimentaires, les ferrailleurs posent l’ossature des bâtiments, assurant la stabilité et la sécurité des constructions. Lameteo nous plonge dans le quotidien d’Élias Hontonnoukoun, un jeune apprenti ferrailleur déterminé, qui partage les défis et la passion qui animent sa profession.
Avec deux ans et un mois de formation, Élias Hontonnoukoun est aujourd’hui un apprenti expérimenté sur les chantiers d’Abomey-Calavi. Son choix de carrière n’est pas dû au hasard, mais à une véritable passion qui l’a poussé à surmonter les difficultés initiales. « Au début, j’ai failli abandonner tant le travail était rude, mais je me suis souvenu de mon objectif et j’ai persisté », confie-t-il.
Le travail de ferrailleur est central dans la construction de bâtiments, car il consiste à poser les structures métalliques qui formeront les fondations de l’édifice. « Le ferrailleur pose l’ossature du bâtiment », explique-t-il. Cette tâche demande des compétences spécifiques, mais aussi un sens accru de la responsabilité, car une erreur pourrait compromettre la solidité de l’ensemble.
Des outils simples pour un savoir-faire complexe
Les ferrailleurs béninois, dont Élias, utilisent des outils manuels pour façonner et assembler les fers. Parmi eux : le centimètre pour mesurer, la scie et la cisaille pour découper, un tuyau en acier pour plier les barres, et enfin la griffe de 6 pour tordre le fer et réaliser les étriers, des anneaux de fer essentiels pour renforcer la structure des poteaux. « Nos outils sont rudimentaires, mais suffisants pour accomplir notre travail avec précision », précise-t-il.
Ces étriers sont ensuite reliés aux barres d’armature selon les plans fournis par l’architecte et le chef de chantier, après une étude du sol. « Les barres sortent droites de l’usine et sont pliées à la quincaillerie pour faciliter leur transport. Sur le chantier, nous les redressons et formons les structures demandées », ajoute Élias. Les barres les plus couramment utilisées sont celles de diamètre 14, 13, 10, 8 et 6 millimètres, tandis que celles de 16 millimètres sont plus rares.
Des journées longues et intenses
Avec deux ans d’expérience, Élias maîtrise aujourd’hui plusieurs figures de ferraillage. « En une journée, je peux attacher environ 24 poteaux rallongés de 4 mètres et fabriquer entre 10 et 12 chaînages, selon l’heure de début du travail », affirme-t-il. Les poteaux et chaînages, essentiels pour stabiliser le bâtiment, sont, selon lui, comparables aux parties du corps humain : « Les poteaux sont les pieds du bâtiment, le chaînage bas représente les hanches, et le chaînage haut, la tête. Quand il s’agit de dallage, la dalle est comme la tête du bâtiment. »
Dépendance et précarité
Le métier de ferrailleur est également caractérisé par une forte dépendance vis-à-vis des maçons, qui sont souvent leurs principaux employeurs. « Notre plus grande difficulté, c’est l’absence de travail. Ce sont les maçons qui nous engagent ; sans eux, nous ne sommes pas sollicités, et la plupart du temps, les propriétaires de bâtiments ignorent même notre existence », déplore Élias. Cette dépendance rend le travail des ferrailleurs précaire, soumis aux opportunités de chantier.
LIRE AUSSI : Totems et interdits au Bénin : quand la culture du manioc et la terre se croisent avec le spirituel
Un message d’encouragement aux apprentis
Malgré les défis, Élias a trouvé sa voie dans ce métier exigeant et encourage les jeunes à faire preuve de persévérance. « L’amour du métier, c’est le travail bien fait. Que celui qui est motivé s’investisse pleinement pour progresser », conseille-t-il à ceux qui songent à abandonner. Pour Élias Hontonnoukoun, cette détermination est la clé de son futur succès dans le métier de ferrailleur, auquel il aspire à consacrer sa vie.