Au Bénin, Thierry, 23 ans, a dédié les cinq dernières années de sa vie à décharger des paquets de ciment sur des chantiers de construction à travers le pays. Travaillant sans contrat pour une entreprise privée, il se bat au quotidien pour survivre tout en nourrissant un rêve : devenir chauffeur poids lourd. Rencontré sur un chantier à Abomey-Calavi, Thierry a partagé son histoire avec Lameteo.
Vigoureux et habitué à l’effort, Thierry vient d’arriver sur un chantier de construction ouvert en septembre 2024, à Abomey-Calavi, à bord d’un camion poids lourd, aux environs de 10h du matin. Accompagné de deux amis, il décharge 10 tonnes de ciment fraîchement sorties de l’usine. En seulement 30 minutes, les deux cents paquets de ciment sont transportés du véhicule vers l’entrepôt qui les accueillera.
« Nous venons de décharger 700 paquets de ciment en deux heures, soit 35 tonnes au total », raconte-t-il. En moyenne, Thierry et ses amis peuvent décharger jusqu’à trois camions poids lourds par jour. « Je peux décharger trois à quatre camions par jour. Parfois, je fais jusqu’à 30 ou 35 tonnes, selon la disponibilité des marchandises », ajoute-t-il.
Une rémunération précaire
Son travail de déchargeur n’est pas garanti par un contrat. Thierry et ses amis sont rémunérés selon le nombre de paquets déchargés et la distance à parcourir entre le camion et l’entrepôt. « Ce n’est pas une affaire de salaire. Les revenus sont proportionnels à la tâche effectuée. Chaque paquet de ciment compte et cela dépend aussi de la distance parcourue », explique-t-il. Sur les chantiers, le client à qui ils déchargent les tonnes de ciment paie entre 25 et 50 FCFA par paquet.
Le chauffeur du camion, qui transporte le ciment depuis les usines de fabrication jusqu’aux entreprises privées, joue le rôle de patron informel pour les déchargeurs. « Le chauffeur est notre patron. Il nous appelle pour les déchargements et il est toujours là pour nous, même dans les moments difficiles », témoigne Thierry.
Les risques du métier
Malgré la fatigue et la poussière générée par le ciment, Thierry tente de minimiser les risques liés à son travail. « Mon corps est habitué. Je ne tombe pas malade. Je prends parfois des médicaments, mais on n’a pas besoin de comprimés pour décharger », affirme-t-il.
Un rêve de conducteur
Le métier de chauffeur poids lourd, qu’il exerce depuis cinq ans, est sa véritable passion. « Je rêve de devenir chauffeur poids lourd. J’étais apprenti chauffeur en 2019 à Porto-Novo. Quand tu maîtrises la conduite, tu dois économiser pour passer le permis. C’est pourquoi je fais ce job de déchargement », précise-t-il.
Guidé par son rêve, Thierry se donne à fond chaque jour, mais il est prêt à abandonner ce travail précaire pour une meilleure opportunité. « Ce n’est pas un travail, c’est juste un job. Si je trouve ce que je cherche, je laisserai tout tomber », souligne-t-il.
En dehors de son travail, Thierry est également passionné de football. « Je jouais presque tous les jours après le travail et je continue encore aujourd’hui. Même si je rentre et que je trouve un ballon, je vais jouer. Je ne suis jamais fatigué », s’enthousiasme-t-il.
L’histoire de Thierry est sans doute celle de nombreux adolescents béninois qui, dès leur jeune âge, prennent leur destin en main en embrassant les opportunités qui se présentent à eux, malgré les risques. Avec passion et détermination, ils nourrissent l’espoir d’un avenir meilleur.