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BEPC 2025 au Bénin : des parents dévoués s’improvisent cuisiniers, psychologues, gardiens et intercesseurs spirituels autour des centres d’examen

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Au Bénin, l’examen du BEPC 2025 ne se joue pas uniquement dans les salles de composition. Devant les centres, les parents mènent une bataille parallèle : celle du soutien total à leurs enfants. Présence physique, assistance morale, alimentation surveillée, prières… ils mobilisent tous les leviers pour les accompagner vers la réussite. Reportage au CEG 1 Abomey-Calavi.

Il est 16 heures ce mardi 10 juin 2025. Le soleil décline doucement sur le centre de composition du CEG 1 Abomey-Calavi, dans la commune d’Abomey-Calavi, l’un des sites retenus pour les épreuves du Brevet d’Études du Premier Cycle (BEPC) au Bénin. À l’extérieur, un spectacle inhabituel capte l’attention : des dizaines de parents, accrochés aux murs de l’établissement, attendent la fin de la journée d’examen. Certains assis sur leurs motos, d’autres allongés à même le sol sur des tissus, plusieurs réfugiés sous les auvents des boutiques voisines ou aux côtés des vendeuses de plats chauds. Loin d’être de simples accompagnateurs, ces hommes et femmes incarnent un soutien actif et multiforme à leurs enfants en pleine évaluation nationale.

Reportage audio de Lameteo au CEG 1 Abomey-Calavi

Parmi ces ombres protectrices, Antoinette est là depuis l’aube. Sa fille compose et elle, veille. « J’étais là depuis 6h30, bien avant 7h. Il faut être présent pour veiller à ce que les enfants ne consomment pas n’importe quoi : pas trop sucré, pas d’aliments crus. À midi, je lui ai apporté de l’akassa, du jus de tomate au poisson et un dessert au jus de fruits », raconte-t-elle, visiblement fière de sa logistique maternelle. Mais son rôle dépasse l’intendance : « Je lui ai dit que l’épreuve passée est derrière elle. Je l’encourage à viser 18/20, à rester concentrée. »

Chaque année, elle fait de la réussite de ses enfants une priorité absolue, surtout pendant les examens. « Il y a des enfants qui craquent sous la pression. Être là pour eux, c’est essentiel », insiste-t-elle.

Majolaine, jeune fille venue relayer son père pour récupérer sa sœur, ne cache pas son propre stress. Assise à califourchon sur une moto, elle avoue : « Mon cœur bat comme si c’était moi qui compose. » Un état d’âme partagé par bien d’autres accompagnateurs qui, sans franchir les murs du centre, vivent chaque épreuve par procuration.

L’école au-delà de la salle de classe

Pour Salomon, directeur d’une école privée environnante, l’engagement va au-delà du cercle familial. « Je viens encourager mes élèves. Après chaque composition, inutile de se focaliser sur les réponses passées. Il faut les aider à se tourner vers l’épreuve suivante. Le succès reste possible. » Ce mardi-là, c’est sa troisième visite de la journée. Il a même déjeuné avec eux, partagé ses conseils, prodigué des encouragements. « Ce n’est pas juste le travail d’un directeur. C’est aussi un devoir de parent », souligne-t-il.

Prendre soin du corps… et de l’esprit

Abraham, père d’un garçon candidat, voit sa présence comme un acte de responsabilité parentale. « Ce matin, je l’ai conduit. Ce soir, je viens le récupérer. Il faut veiller à leur santé, à leur moral, à leur alimentation. Un enfant qui tombe malade à cause d’un mauvais repas peut rater ses épreuves. » La composition ne se limite donc pas aux cahiers : elle s’étend au bien-être global du candidat.

La foi en soutien spirituel

La mission d’accompagnement s’achève souvent dans le silence de la prière. Beaucoup de parents rencontrés ne cachent pas leur engagement spirituel, perçu comme un ultime recours dans cette épreuve cruciale. « Je prie l’Éternel de guider ma fille pendant qu’elle compose. Quand elle voit un sujet difficile, je sais que Dieu peut lui ouvrir l’esprit », affirme Antoinette, convaincue de l’impact de sa foi.

Maxime, père de deux enfants candidats, est dans la même dynamique : « Je prie pour eux afin que la volonté de Dieu soit faite. » Marie, quant à elle, ne voit pas d’autre option : « Que puis-je faire sinon prier ? Je prie pour elle. »

Jusqu’au dernier jour

Pour certains, cette mobilisation ne s’arrête pas à une seule journée. « Je serai là jusqu’au jeudi, c’est une obligation pour moi », affirme Antoinette. Le directeur Salomon, lui aussi, promet d’être présent jusqu’à la dernière épreuve, convaincu que sa présence peut faire la différence.

Dans l’ombre des candidats, ces parents-piliers jouent un rôle silencieux mais fondamental. Leur soutien, parfois discret, souvent visible, s’inscrit comme un véritable acte d’amour et d’engagement pour la réussite éducative de leurs enfants. Et si le succès des jeunes Béninois au BEPC 2025 doit se célébrer, ce sera aussi, en partie, la victoire d’un accompagnement parental exemplaire.

La Rédaction


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