Dans un article intitulé“ Deal ou pas deal”, publié sur sa page Facebook, le journaliste Olivier Allochemè commente l’actualité relative à une supposée affaire de “deal entre le pouvoir Talon et Les Démocrates”, l’un des partis de l’opposition béninoise. Lire ici son analyse publiée ce lundi 5 décembre 2022.
Deal ou pas Deal ?
C’est le silence de mon ami Nourou-Dine Saka Saley qui a attiré mon attention. Lui habituellement si disert, est resté bouche cousue jusqu’ici, sur les rumeurs disant avec persistance qu’il y a bien eu un deal pour que le parti Les Démocrates soit enfin autorisé à compétir le 08 janvier prochain. Mais à vrai dire, son silence ressemble à celui de bien d’autres “hauts parleurs” qui se sont subitement tus après avoir été écartés de la course par leur parti. Ceux qui ont voulu parler, comme mon doyen Cossi Claude Djankaki, ont temporisé, faisant assaut d’amabilité et de confiance vis-à-vis de la direction du parti et finissant par admettre que leur mise à l’écart répondait aux intérêts du parti. Guy Dossou Mitokpè, qui a d’autres soucis avec son ancien mentor, s’est carrément mué en porte-parole d’Eric Houndété. C’est trop beau pour être vrai.
Que s’est-il donc passé pour qu’une vingtaine de candidats clairement parmi les plus en vue du parti Les Démocrates soient brutalement (je dirais même violemment) écartés de la liste du parti pour les législatives, alors qu’ils remplissaient toutes les conditions pour être candidats ? Les langues ont commencé à se délier. Et derrière les discours sentencieux, les acteurs disent bien des choses sur la manière dont le deal a été cousu. Certains comme Moïse Montcho ou le docteur Kokodé Nadin sont carrément allés devant la justice pour savoir ce qui s’est passé. Bonne chance à eux ! Mais depuis quelques jours, des chiffres ont commencé à circuler. On parle des concessions de sièges qui auraient été faites de part et d’autre, des accords pour cinq sièges selon certains, vingt selon d’autres. En tout cas, assez pour que le parti soit représenté à la prochaine législature. A ce jeu, ce sont les têtes de proue du parti qui s’en tireront. Quant aux autres…
Puisqu’en réalité ceux qu’on a enlevés des listes de candidatures avaient les moyens de faire bouger les candidats de la mouvance. Une espèce de match amical est en vue, surtout que le parti est essentiellement sans ressources. Ce qu’il faut savoir, c’est que les législatives sont des élections de proximité. Ceux qui votent à Kétou, Malanville ou Lokossa, ne votent pas pour protester contre Talon ou pour saluer son bilan. Ils votent d’abord pour quelqu’un, celui qui est venu vers eux, celui qu’ils connaissent. Les protestations politiques viennent après. Et là-dessus, le parti n’a pas les moyens d’une présence véritable sur le terrain. Il ralliera les voix des vrais mécontents, ceux qui ne veulent écouter que leur rage contre Talon. Et ils ne seront pas nombreux quand la campagne électorale aura pris son envol. Les Démocrates, c’est un parti sans grand moyen, qui se battra autour du recul démocratique. Mais qui écoute encore ce type de discours, avec l’emprise actuelle des problèmes économiques ? Il est vrai que dans les zones urbaines, ce type de discours fait encore mouche auprès des élites. Et ces élites ne forment qu’une partie infime de la population électorale. Là encore, vous savez que plus personne n’est prêt à prendre des risques inutiles.
Sauf si un certain Boni Yayi se jette dans la bataille. Là, du moins, sa présence fera mouche auprès de son électoral traditionnel. Mais Boni Yayi dans la bataille électorale, il faut en douter. Les bruits qui émergent de son état-major ne laissent pointer qu’une volonté de se mettre au-dessus de la mêlée, maintenant que l’ancien président tient un strapontin ouest-africain. Et puis il y a toutes ces rumeurs qui lui prêtent un rôle dans le deal. Pour moi, la seule chose qui ferait mentir tous ces pronostics, ce serait sa part active dans les prochaines joutes. S’il persiste dans son silence, il faut s’attendre à une razzia de la mouvance présidentielle.
Mais il y a cet ancien ambassadeur, Omar Arouna qui le soupçonne lui-même Yayi d’être dans le deal. Quand on sait que l’ancien ambassadeur est un de ses plus chauds partisans, on peut déjà conclure.