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Rémunération des tâches domestiques des femmes au foyer au Bénin : Céphise Béo Aguiar réagit à la proposition de la présidente de l’INF

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Lors d’une émission télévisée récente au Bénin pour commémorer la Journée internationale des droits de la femme 2024, Huguette Bokpè Gnacadja, présidente de l’Institut national de la femme (INF), a abordé une question qui a suscité un débat intense : la rémunération des tâches domestiques réalisées par les femmes au foyer. Afin d’éclairer davantage cette question complexe, Lameteo a réalisé une interview avec Céphise Béo Aguiar. L’objectif est de rencontrer les regards d’un homme, d’un mari, avec ceux de la femme, présidente de l’INF.

Lameteo : Quel est votre point de vue sur la proposition de rémunération pour les tâches domestiques des femmes au foyer, récemment évoquée par la présidente de l’Institut national de la femme au Bénin ?

Céphise Béo Aguiar : Je pense que le sujet évoqué par la Présidente de l’Institut national de la Femme est un débat de société profond qu’il faut éviter d’aborder superficiellement. L’homme et la femme sont deux êtres complémentaires. L’humanité est portée par les deux mais davantage par la femme par son rôle de maternité. C’est à elle que la nature, et si vous êtes croyant, on dira c’est à elle que Dieu a confié l’extraordinaire portage et transformation de la semence pour qu’elle devienne un être humain.

La suite, c’est aussi la femme qui, dans une très grande mesure prend en charge cet être dès sa naissance. Soins, allaitement, protection. C’est très généralement la mère qui ouvre les yeux de l’enfant au monde. Elle s’y consacrera presque toute son existence. Ce n’est pas au hasard qu’on parle de langue maternelle. À ce rôle quasi-naturel de mère, s’ajoute celui de l’épouse, de la femme. Dans la plupart des sociétés, c’est la femme qui prend en charge le travail domestique, la tenue de la maison. La prise en main du foyer est généralement du ressort de la femme. C’est d’elle qu’on attend très souvent que le foyer soit tenu.

Alors, lorsqu’à la maternité, à l’éducation, aux travaux domestiques elle ajoute une activité professionnelle effectuée à la maison ou hors du foyer, elle tombe dans une surcharge d’activités qui impacte très négativement chaque segment de son rôle de mère, d’éducatrice et de maîtresse de foyer. L’activité professionnelle elle-même est touchée. L’humanité toute entière doit regarder de près le devenir de la femme.

Céphise Béo Aguiar

Quelles solutions proposez-vous pour soutenir les femmes au foyer tout en préservant leur équilibre ?

Aujourd’hui, on note surtout une forte démission parentale qui perturbe l’éducation des enfants, leur formation et le développement de leur personnalité. Lorsque maman n’est pas là, la maison est triste et presque intenable. Il y a donc à vraiment apprécier notre progression sociale et à accompagner la femme pour une présence plus importante dans la famille. Et cela a forcément un impact sur son travail extérieur. On peut même réfléchir à réduire le temps de travail extérieur de la mère sans affecter ce qu’elle gagne auprès d’un employeur. Dans notre contexte actuel, je me dis que la femme peut partir de la maison à 9h et revenir à 12h et ne plus repartir l’après-midi. Ou n’y aller que l’après-midi. L’effort réalisé au niveau du travail domestique compensant le reste. Car à vrai dire, nul ne peut payer la femme, la mère, l’épouse pour ce qu’elle fait pour que la maison tienne. Je ne souhaite surtout pas établir de comparaison avec l’apport de l’homme. Si on veut comparer, la réflexion sera dévoyée.

Payer la femme pour ce qu’elle fait au foyer ne risque-t-il pas de la maintenir dans une position d’inégalité ?

Bien au contraire, c’est lui reconnaître davantage sa forte contribution dans la marche de l’humanité. C’est lui faire justice pour son irremplaçable contribution et sa précieuse disponibilité qui illumine le foyer. Et comme j’ai dit précédemment, il faut éviter toute comparaison à l’apport masculin. Et ce n’est pas pour dire que l’homme fait moins.

Comment pensez-vous que cette proposition pourrait être accueillie au Bénin ?

Il y a une dizaine d’années ce débat a fait surface en Allemagne et ceux qui portaient l’idée ont parlé de la prime aux fourneaux pour estimer qu’il faut apporter cette nécessaire compensation financière à la femme. En Algérie il existe l’allocation au foyer. C’est avant un élan de solidarité. Il faut reconnaître que dans notre contexte national, cela peut apparaître comme une hérésie lorsque l’idée n’est pas bien expliquée et dépouillée avec recul. Il faut déjà voir comment cela est accueilli avec émoi et rejet. Je reste convaincu que bien expliquée et bien présentée, ce sont les hommes qui en deviendront les meilleurs porte-voix. Car c’est pour la bonne marche de la famille, le bien-être de la société toute entière et le bonheur de l’humanité.

Qui se chargera du paiement de ce salaire ?

Je pense qu’il ne faut pas parler en termes de salaire mais plutôt d’allocation, et comme j’ai dit, une démarche symbolique de solidarité en reconnaissance à la femme. C’est l’État qui organisera cela. Ailleurs c’est ainsi. Ce n’est pas du ressort des individus, encore que dans bien de familles, la chose existe. Mais on ne saurait l’appeler salaire. On ne peut payer la femme, la mère.


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