Un webinaire organisé dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes a mis en avant l’importance de l’engagement des hommes et des garçons pour l’égalité de genre. Experts et acteurs de terrain ont partagé des approches concrètes pour promouvoir une masculinité respectueuse et bienveillante.
Démontrer le rôle de la masculinité positive dans la promotion des droits des femmes et des filles, tel est l’objectif du webinaire organisé le mercredi 19 mars 2025 par plusieurs organisations engagées pour l’égalité des sexes, dont CARE Bénin-Togo, l’ONG Batonga, le réseau MenEngage Afrika, l’ABMS, African Women Leadership Network ‘Réseau des Femmes Leaders en Afrique’ (AWLN) et l’Institut national de la femme (INF). Cette rencontre virtuelle s’inscrit dans le cadre de la célébration de la Journée internationale des droits des femmes (JIF) et vise à encourager une dynamique de collaboration entre les sexes pour réduire les inégalités et déconstruire les stéréotypes de genre.
Masculinité et féminité positives, une approche complémentaire
Ouvrant les échanges, Guillaume Aguettant, Directeur pays de CARE Bénin-Togo, a insisté sur la nécessité de compléter la masculinité positive par une féminité positive afin de créer une société plus équilibrée. « J’ai pu assister sur plusieurs décennies à des féminismes qui mettaient tous les hommes dans le même panier, les désignant comme l’ennemi. La masculinité positive, c’est cette idée que nous ne sommes pas adversaires mais partenaires dans la lutte contre les discriminations et les inégalités », a-t-il souligné.

Dans la même dynamique, Maître Huguette Bokpè Gnacadja, Présidente de l’INF, a plaidé pour une synergie d’actions entre hommes et femmes. « Les hommes sont les premiers acteurs du changement que nous recherchons. L’objectif n’est pas de dire à l’homme ‘pousse-toi que je prenne ta place’, mais plutôt ‘fais-moi de la place à tes côtés et ensemble, nous serons plus forts’ », a-t-elle déclaré.

Vers une masculinité bienveillante et respectueuse
Le webinaire a permis d’éclairer les notions fondamentales de la masculinité positive. Selon Anice Gambari Adam, Directrice départementale des Affaires sociales et de la Microfinance de la Donga, cette approche repose sur trois piliers : le respect de l’égalité de genre, l’acceptation de l’émotion et la reconnaissance de la vulnérabilité. « Les hommes doivent apprendre à s’exprimer, à rejeter la violence et à promouvoir un dialogue respectueux pour construire une société harmonieuse », a-t-elle expliqué.
Wenceslas Djokpé, de la Fondation Batonga, a tenu à lever l’ambiguïté qui entoure parfois ce concept. « Il ne s’agit pas de nier l’identité masculine, mais d’encourager une version de la masculinité qui soit plus respectueuse et égalitaire. Ce n’est ni une faiblesse ni une perte de virilité », a-t-il précisé.
Des initiatives concrètes
Au Togo, plusieurs initiatives concrètes sont mises en œuvre pour encourager l’implication des hommes dans la promotion des droits des femmes. Ata-Kwaku Yéma Kwadjo, Coordonnateur national du réseau MenEngage, a notamment évoqué l’éducation des pères et la création de clubs de discussion masculins, où hommes et garçons échangent sur les questions de genre et d’égalité.
Au Bénin, l’approche des « Écoles des Maris », déployée depuis sept ans, constitue un modèle de succès. Victoire Ladékan, Coordinatrice du projet PSDSR 2 au sein de l’Association Béninoise pour le Marketing Social et la Communication pour la Santé (ABMS), en a présenté les résultats. « Ces groupes de 10 à 12 hommes, formés par les structures de santé et les communautés, facilitent l’accès des femmes et des filles aux services de santé. Aujourd’hui, 100 ‘Écoles des Maris’ sont opérationnelles à travers le pays, en collaboration avec 9 zones sanitaires et 18 guichets uniques de protection sociale », a-t-elle détaillé.
Un appel
À l’issue des échanges, les intervenants ont lancé un appel à une plus grande mobilisation des hommes et des garçons en faveur des droits des femmes et des filles. La lutte contre les inégalités de genre est un défi majeur pour l’avenir des sociétés béninoise et togolaise, et la masculinité positive apparaît comme un levier essentiel pour bâtir un monde plus équitable.