Après les récentes accusations du Niger concernant la présence présumée de bases militaires françaises sur le sol béninois, le Professeur Victor Topanou, ancien ministre de la justice et actuel député à l’Assemblée nationale du Bénin, a vivement réagi lors d’un entretien accordé à Canal 3 Bénin le 13 mai 2024.
Dans un entretien télévisé, le Professeur Topanou, ancien ministre de la justice au Bénin sous l’ancien président de la République, Boni Yayi, a exprimé son désaccord face aux accusations émanant des autorités nigériennes, relatives à la prétendue présence de bases militaires françaises sur le territoire béninois, raison pour laquelle la junte du Niger refuse d’ouvrir ses frontières avec le Bénin. Pour lui, ces accusations pourraient dissimuler des motivations sous-jacentes non explicitées par le Niger. « Quand j’ai entendu ça, je me suis dit, probablement c’est un alibi pour cacher les vraies raisons », a-t-il fait savoir.
Selon Victor Topanou, ces allégations relèvent d’une tentative d’ingérence dans les affaires intérieures du Bénin. « À l’évidence, on ne va pas imposer à ses voisins le choix de ses collaborateurs. C’est comme si le Bénin disait que notre sécurité n’est plus garantie parce que le Niger est entré en relation avec la Russie. Vous croyez que ce serait du goût des Nigériens d’entendre ça ? (…) Si on dit juste que c’est parce qu’il y a des Français au Bénin, là c’est une ingérence grave dans les affaires intérieures du Bénin (et) si c’est sur ce terrain-là, autant dire qu’ils n’ont pas envie de régler le problème aujourd’hui. », a-t-il dénoncé.
Coopération entre la France et le Nigéria plus soutenue
Par ailleurs, il a relevé une possible incompréhension du Niger quant à la nature des relations entre le Bénin et la France. Selon le Professeur Topanou, en termes de coopération française menaçante pour le Niger avec ses pays frontaliers, Niamey devrait avoir plus peur du Nigéria que du Bénin. « La coopération entre la France et le Nigéria est encore plus abondante que la coopération entre le Bénin et la France. Manifestement, le pouvoir nigérien ne le sait pas. Sinon, ce n’est pas la frontière du Nigéria qu’ils vont ouvrir. Si les Français constituent une menace pour le Niger, ils sont au Nigéria, (…) pourquoi ils (les Nigérians, Ndlr) ne leur disent pas de partir alors qu’il y a des soupçons vieux des années 60 de la France dans le rôle de la guerre entre le Biafra et le pouvoir central ? », s’est-il interrogé.
Un appel
L’universitaire invite le pouvoir militaire nigérien à s’ouvrir sur la question afin que le nœud fondamental de la crise soit saisi pour une compréhension du côté béninois. « Peut-être qu’il y a d’autres raisons, mais s’ils ne le disent pas, on ne peut pas réparer. S’ils ne l’énoncent pas clairement au pouvoir béninois, le pouvoir béninois ne pourra pas régler. », a-t-il évoqué comme issues pour cette crise qui dure depuis l’arrivée au pouvoir des militaires le 26 juillet dernier.