Au Bénin, l’heure est aux ultimes révisions pour les examens de fin d’année. À Abomey-Calavi, deux jeunes candidats, l’un au BEPC, l’autre au Bac G2, vivent des journées rythmées par les séances d’étude, les doutes… et l’espoir. Lameteo est allé à leur rencontre, dans l’intimité de leurs efforts.
Abomey-Calavi. Un soir de juin. Il est 21 heures passées lorsque le vrombissement d’une moto fend le silence d’un quartier paisible. Le conducteur descend, tenant sous le bras une liasse de documents : c’est le répétiteur personnel de Marie-Fresnel, candidate au Baccalauréat série G2. Âgée de 16 ans, l’adolescente s’apprête à entamer une nouvelle session d’étude après avoir déjà passé cinq heures dans des travaux dirigés. Elle est l’un des visages de ces milliers de jeunes Béninois qui, dans l’ombre, préparent avec acharnement leurs examens de fin d’année.
Sous une lumière tamisée, installés autour d’une table face à deux tableaux accrochés au mur, Marie-Fresnel et son répétiteur entament un cours de français. Objectif : maîtriser les subtilités des textes et perfectionner les méthodologies de rédaction. La séance s’étirera jusqu’à 23 heures.
Depuis plusieurs semaines, c’est le quotidien effréné de l’adolescente. Obtenir son diplôme du premier coup, avec une bonne mention. Pour y arriver, elle doit affronter la fatigue, le doute, l’angoisse et l’épuisement mental. « Quand je pense à l’examen, je suis hyper stressée », confie-t-elle, les yeux fatigués mais déterminés.
Des mantras
À l’anxiété, Fresnel oppose des affirmations positives. Elle se répète chaque jour devant le miroir : « Merci Seigneur pour le BAC 2025 que tu m’as donné. » Mais entre les montagnes de cahiers et les documents à revoir, l’assurance laisse parfois place au découragement. « Tu regardes le volume des cours et tu pries pour que Dieu t’oriente sur ce qui va tomber », dit-elle, un sourire nerveux sur les lèvres.
Des nuits blanches
À la fatigue mentale s’ajoute l’épuisement physique. La lycéenne raconte ses nuits blanches : « Je quitte les TD à 20h, je me repose un peu, puis je reprends mes cahiers jusqu’à 10h le lendemain matin. Ensuite, je dors deux heures avant de repartir. » Une organisation spartiate qu’elle maintient malgré les lacunes qu’elle admet en littérature et en histoire-géographie.
La pression silencieuse des parents
Consciente de l’investissement financier de ses parents (deux répétiteurs, deux cycles de TD, frais scolaires ) Marie-Fresnel ressent aussi une pression implicite. « Ils attendent au moins une mention bien », dit-elle. Mais elle reconnaît également la bienveillance de ses géniteurs. « Même tard la nuit, ils viennent m’encourager. Ils me disent que ça passera. »
Florès, 15 ans, candidat au BEPC
À quelques kilomètres, Florès Ulrich, 15 ans, se prépare lui aussi pour son BEPC. Au tableau, dans la véranda de sa maison, des équations encore fraîches témoignent de ses révisions du soir. Mais l’incertitude plane : « Est-ce que je vais y arriver ? », se demande-t-il en silence.
Son école a mis en place un dispositif stratégique : alternance d’enseignants et coaching personnalisé pour apprendre à décoder les sujets d’examen. Il enchaîne les cours de 7h à 19h, puis les séances de révision à domicile avec deux répétiteurs. Malgré tout, le stress reste présent, mais il tente de l’apprivoiser avec les conseils de ses parents : « Tu as les capacités, il faut juste te concentrer. »
Des familles mobilisées
Derrière chaque candidat, il y a des parents qui, souvent dans l’ombre, soutiennent de toutes leurs forces. Hervé Moustapha, père de Marie-Fresnel, raconte : « Dès la rentrée, on l’a dispensée des tâches ménagères. On a investi dans les ouvrages où elle avait des lacunes. » Ancien enseignant et aujourd’hui administrateur, il l’accompagne aussi dans la gestion de son emploi du temps : repos, concentration, alimentation, santé.
Pour lui, au-delà de la réussite académique, l’essentiel est que l’enfant reste en équilibre mental. « Il faut que l’élève soit dans une bonne ambiance. Pas de panique. S’il faut, je lui donne des antalgiques pour soulager ses migraines. »
Un enjeu…
Le BAC et le BEPC ne sont pas de simples examens au Bénin. Pour les élèves, ils représentent la première grande consécration scolaire. Pour les familles, souvent modestes, ils incarnent l’aboutissement d’années de sacrifices. L’échec n’est donc pas une option, d’où ce surmenage général observé à l’approche des épreuves.
En attendant le jour J…
Dans les foyers béninois, les prochains jours s’annoncent décisifs. Les réveils matinaux, les nuits blanches, les soutiens familiaux, les prières et les répétitions vont redoubler d’intensité. Dans l’attente du jour J, chaque élève mène sa propre bataille. Une bataille contre lui-même, contre ses peurs, ses faiblesses, son stress. Avec en ligne de mire, un diplôme et, pour beaucoup, un avenir.