La Commission des délits économiques et financiers (EFCC) du Nigeria a récemment ouvert une enquête approfondie sur les comptes du célèbre tycoon nigérian, Aliko Dangote. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une enquête plus large sur des opérations de change douteuses impliquant le magnat, le groupe Dangote, et 51 autres entreprises, dont le concurrent direct, BUA.
Le groupe Dangote, considéré comme le plus grand conglomérat industriel du Nigeria, a été le théâtre d’une perquisition par les enquêteurs de l’EFCC le 4 janvier. Selon les informations de Jeunes Afrique, les soupçons portent sur la possible implication de Dangote dans des délits financiers sous l’ancienne gouvernance de Godwin Emefiele, ex-gouverneur de la Banque centrale du Nigeria de 2014 à 2023, lui-même actuellement sous enquête pour corruption.
L’enquête de l’EFCC vise à élucider des allégations selon lesquelles certaines entreprises, dont Dangote Cement et son rival BUA, auraient bénéficié de taux de change préférentiels pour l’achat de dollars, facilitant ainsi l’importation de matières premières à des coûts réduits. Ces allégations ont été proférées par Abdul Samad Rabiu, à la tête de BUA, en novembre dernier. Dangote et sa holding ont catégoriquement nié toute participation à des opérations de change illégales.
L’EFCC souligne que cette affaire remonte à la période précédant juin 2023, date à laquelle Godwin Emefiele a été évincé de la Banque centrale par le président nigérian Bola Tinubu. Jusqu’à cette date, la Banque centrale appliquait plusieurs taux de change, une situation qui aurait été exploitée par certaines entreprises pour tirer avantage de taux préférentiels.
L’enquête sur Emefiele, suspendu et arrêté en relation avec des activités au sein de la Banque centrale, s’est intensifiée depuis son arrestation par l’agence nationale de sécurité intérieure. Bien qu’il ait été libéré en décembre après avoir versé une caution de plus de 300 000 euros, les allégations portent sur des malversations graves, notamment des fraudes dans l’attribution de marchés publics.
Cette affaire ajoute un nouveau chapitre aux déboires juridiques d’Emefiele, autrefois décoré Commandeur de l’ordre de la République fédérale (CFR) sous Muhammadu Buhari. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Tinubu en mai 2023, l’ex-gouverneur de la Banque centrale est confronté à des critiques persistantes, notamment à la suite d’un rapport d’enquête récent sur sa gestion de la Banque centrale, l’accusant d’avoir contribué aux difficultés économiques du pays au cours des dernières années.