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Veille d’élection au Bénin [Chronique Roger Gbégnonvi]

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Veuillez ne pas vous fier à ma djellaba. Simple tenue de camouflage. Voici ma carte professionnelle. Sous-lieutenant. Mes supérieurs m’ont envoyé vers vous suite à votre conversation téléphonique – vous êtes écouté – du 26 février 2021. Votre interlocuteur est connu, ses intentions sont connues. « Le pays brûle », vous a-t-il dit. Non, le Bénin ne brûle pas et ne brûlera pas ! Les quelques informations que je vous apporte ne sont pas secret-défense. Vous pouvez donc y faire allusion dans vos écrits et lors de vos sorties médiatiques.
Les gesticulations actuelles s’alignent sur Kilibo-Tchaourou quand desdits chasseurs ont attaqué la police, sur le grand marché Tokpa en ce Vendredi-Saint que des personnalités respectées ont tenté de transformer en vendredi de chaos, et sur Cotonou en ces nuits de cauchemar les 1er et 2 mai. Les meneurs s’activent à nouveau. Le Bénin d’antan, pays livré à 278 partis politiques sangsues, pays asservi par une foule de syndicats de vacanciers et non de travailleurs, le Bénin sans perspective, servait les intérêts d’un quarteron de pilleurs qui ne se consolent pas de leur manque à piller. Et ce temps avant les prochaines élections leur paraît propice pour créer l’embrasement qui leur permettra de réinstaller le Bénin dans la chienlit où ils faisaient leur beurre. Pour la besogne, des renforts leur sont venus de l’Ouest.
Le premier renfort tient à la lecture imposée par le principe de précaution. Il n’est pas sûr que l’Hexagone voie d’un œil favorable le Bénin des cinq années passées. Dans son pré carré néocolonial, il préfère les mares à canards boiteux, considérant comme dangereux pour ses affaires les ilots de liberté et de dignité. Il pourrait donc chercher à nous arrêter net. Pourquoi a-t-il envoyé ici, à la veille des élections, son ancien représentant dans le pays d’Ouest, et qui n’a eu qu’à traverser la frontière pour entrer dans son nouveau bureau ? Qu’a-t-il fait là-bas et que vient-il faire ici ? Il fait l’objet en tout cas de notre vigilance. Un certain Représentant de l’Union Européenne avait montré un activisme déstabilisateur. Nos fiches circonstanciées ont permis à l’Autorité politique de lui ordonner de refaire ses valises.
Le deuxième renfort à nos pilleurs aux abois s’appelle Célimène. Elle n’a pas toujours été blanche. Elle travaillait à l’Ouest où a travaillé longtemps aussi son principal mentor sur place ici. Ce dernier l’a démarchée à coups de « tu as toujours été la candidate de mon cœur ». Attendrie, Célimène a traversé la frontière. L’insistance du mentor et des promesses alléchantes ont eu raison du leader du parti Les Indépendants, et voici Célimène hissée candidate à sa place. Mais trop tard entrée dans la course, elle n’aura pas eu assez de parrains pour valider sa candidature. Célimène sera peut-être restée prisonnière du Bénin de l’achat des consciences, du Bénin de la danse du ventre. En effet, ils ont sorti de l’argent pour tenter de vaincre la réticence des élus à cautionner l’Inattendue Venue de l’Ouest.
Le troisième renfort est en lien avec Célimène et son entourage politique. C’est d’abord le visage d’un de nos aînés, officier supérieur à la retraite, recruté pour une vague d’attentats avec mort de personnalités en vue. Créer les conditions pour la non-tenue des élections. C’est ensuite le visage de deux voyageurs venant de l’Ouest et que, avertis, nous avons cueillis à leur entrée au Bénin, porteurs de 170,5 millions de francs CFA. Est connue la destination de ce « premier décaissement ». Je précise toutefois qu’aucun des renforts ne nous paraît engager la responsabilité personnelle des autorités politiques du pays d’Ouest.
Lorsque Célimène veut porter plainte contre WhatsApp parce que des étrangers ont squatté son smartphone et récupéré ses messages, c’est nous qu’elle menace. Elle a oublié qu’en cette veille d’élection, l’Etat souverain doit s’autoriser toute bonne action tendant à offrir aux citoyens la sécurité nécessaire à l’exercice de leur droit à la liberté et à la dignité.

Roger GBÉGNONVI

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