L’arrivée mi-décembre au port de Douala de 50 000 tonnes de blé russe destinées à la Centrafrique a engendré des tensions majeures parmi les meuniers camerounais et suscité des soupçons de fraude, révélant une situation complexe au sein du secteur de la meunerie.
En juillet dernier, le président russe Vladimir Poutine avait fait preuve de générosité en offrant cette importante quantité de blé lors d’une rencontre avec ses homologues africains à Saint-Pétersbourg. Cependant, le geste d’assistance a pris une tournure controversée après une demande du Directeur général des Douanes et Droits indirects de la Centrafrique à son homologue camerounais. La requête portait sur l’autorisation de vendre la cargaison de blé aux minoteries camerounaises, avec l’objectif de transformer le produit en farine avant sa commercialisation à Bangui.
Moins d’un mois après l’arrivée d’un premier navire russe, le Groupement des industries meunières du Cameroun (Gimc) se trouve divisé. Alors que l’interprofession s’oppose à la vente de la cargaison, proposant plutôt de fournir des installations de transformation au profit de la Centrafrique, deux entreprises locales, la Société des céréales du Cameroun (SCC) et Africa Foods Distribution, propriétaire de la marque Broli, se sont engagées dans des négociations indépendantes avec le ministre camerounais du Commerce.
La situation est devenue plus complexe avec la crainte au sein du Gimc que la farine de blé destinée à la Centrafrique soit finalement vendue sur le marché camerounais à un prix relativement bas une fois transformée. Certains membres du Gimc redoutent une concurrence déloyale qui pourrait mettre en péril l’équilibre économique du secteur de la meunerie au Cameroun.