La crise éclatée au sein de la Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb) avec la suspension de son secrétaire général, Moudassirou Bachabi semble ce jeudi se diriger vers un début de résolution, les protagonistes ayant accepté la médiation proposée par Pascal Todjinou, ancien secrétaire général de ladite organisation syndicale.
Dès les premières heures de la suspension de Moudassirou Bachabi, Pascal Todjinou a décidé de ramener le calme dans la maison syndicale. « Je suis à la médiation présentement », a déclaré ce jeudi, Pascal Todjinou au téléphone, contacté par la rédaction de La Météo.
Les faits
Mercredi 26 juin 2019, l’issue d’une séance extraordinaire du Secrétariat exécutif national du syndicat (Sen) dans un communiqué, suspend le secrétaire général. Il lui est reproché une gestion mauvaise et solitaire de l’organisation. « Par conséquent, l’intéressé est interdit de toutes missions, activités et représentations au nom de la Cgtb pour compter de ce jour, mercredi 26 juin 2019 », a informé le communiqué du Sen/Cgtb.
Quid du discours de Genève
Selon certains médias, c’est le discours discours qu’a prononcé Moudassirou Bachabi à Genève lors de la 108ème session de la Conférence internationale du travail de l’OIT, du 10 au 21 juin dernier jugé acerbe vis-à-vis du gouvernement béninois qui lui vaut cette suspension.
Interrogés, des secrétaires généraux des autres confédérations syndicales béninoises présents à la rencontre de Genève se retrouvent tous dans le discours prononcé. Pour Noël Chadaré, secrétaire général de la Confédération des organisations syndicales indépendantes du Bénin (Cosi-Bénin), le Sg Bachabi n’était qu’un simple porte-parole des syndicats béninois. Par conséquent, le discours prononcé est le fruit de la réflexion des sept confédérations syndicales du Bénin.
Contacté au téléphone, Lucien Glèlè Langanfin, le secrétaire général adjoint de la Cgtb, sur les mobiles de la suspension a rejeté le motif du discours de Genève.
Contenu du discours de Genève
« Excellence Monsieur le Président de la Conférence,
Monsieur le Directeur Général du Bureau International du Travail,
Mesdames et Messieurs les Conseillers Techniques,
Honorables délégués et invités à cette auguste Assemblée, tout protocole observé,
Chers amis de la Presse,
Mesdames et Messieurs,
Il m’échoit l’honneur, de prendre la parole, au nom de la délégation des travailleurs du Bénin devant cette prestigieuse Assemblée à l’occasion de sa 108ème session qui coïncide avec un évènement majeur dans la vie de notre organisation commune l’OIT, son centenaire.
Mesdames et Messieurs, cent ans de combat mené par ce creuset tripartite pour l’équité et la justice sociale dans les relations professionnelles. Oui, cent ans d’usage d’approche consensuelle au moyen d’un dialogue inclusif rigoureux pour asseoir une humanisation des rapports et de la cohabitation entre le capital et la force de travail. Mais hélas !
Même si les différents témoignages des sommités qui se sont succédées à cette tribune révèlent que la situation n’est pas la même partout dans le monde, le chemin qu’il nous reste à parcourir pour atteindre l’idéal universel reste long et parsemé de grands défis pour la quasi-totalité des Etats et exige de la communauté internationale une solidarité plus que jamais agissante.
Ces défis sont complexes, nombreux et multiformes parce qu’ils interpellent aussi bien les relations professionnelles traditionnelles que d’autres thématiques telles que les libertés publiques, l’environnement, l’impact du progrès technologique sur la qualité et l’avenir des relations du travail, la Démocratie dans nos Etats et j’en passe.
S’agissant, Mesdames et Messieurs de la situation dans mon pays le Bénin, elle n’est guère reluisante.
Qu’il vous souvienne, qu’à cette même tribune le porte- parole des travailleurs de mon pays à la 107ème session attirait notre attention sur cette situation, en affirmant : « Le Bénin fait face, depuis peu, à un déclin de la négociation collective et de la liberté syndicale. Malgré un corpus juridique qui intègre les normes internationales, une série de dispositions législatives et de pratiques gouvernementales, sont venues déstructurer les relations de travail rendant plus vulnérables encore des milliers de travailleurs. Des dispositions pertinentes de protection des droits des travailleurs sont unilatéralement remises en cause au motif habituel connu à savoir créer des emplois en attirant les investisseurs. Et les atteintes aux acquis sociaux et syndicaux se poursuivent, avec notamment, la sinistre offensive législative, contre l’exercice du droit de grève des personnels sanitaires et judiciaires. ».
Mesdames et Messieurs, la situation s’est depuis lors empirée par une aggravation de la remise en cause des acquis sociaux, démocratiques et même de l’esprit de certaines Normes internationales du travail pourtant ratifiées par mon pays par l’adoption d’une série de lois et de mesures scélérates et anti démocratiques .
Cette situation de plus en plus préoccupante a d’ailleurs amené plusieurs organisations des travailleurs du Bénin à saisir le Comité des libertés pour qu’il rappelle par son éclairage aux autorités de mon pays le contenu de la lettre et de l’esprit du droit de grève, opine sur les dérives jugées dictatoriales ainsi que sur les poursuites et détentions aux relents arbitraires enregistrées çà et là par exemple.
Mesdames et Messieurs, c’est le lieu d’en appeler à la solidarité de la communauté internationale pour qu’elle accompagne notre combat pour un Bénin plus démocratique où l’on construit au moyen d’un dialogue inclusif respectueux des valeurs universelles une société humaine viable, juste et équitable.
Vive l’OIT
Vive la gouvernance au service de l’humanité
Je vous remercie.
Pour les travailleurs du Bénin
Moudassirou BACHABI
SG/Confédération Générale des Travailleurs du Bénin, porte-parole. »
Venance Tonongbé