Alors que la variole du singe menace de se propager au Bénin, les craintes montent parmi la population, qui scrute les mesures prises par les autorités sanitaires pour juguler cette crise. Pour Pancras Zountchégbé, expert en communication de crise, la clé de toute riposte efficace repose sur une communication fluide entre les gouvernants et la population. Lors d’une interview accordée à Lameteo, il a souligné l’importance de la communication de crise dans ce contexte.
La communication de crise s’impose comme l’un des maillons les plus importants dans la lutte contre les épidémies, notamment dans le cadre de la variole du singe qui menace le Bénin. Son rôle consiste à créer un lien direct entre les décideurs politiques et la population, afin de garantir une diffusion rapide et précise de l’information. « En période d’épidémie, la situation n’est pas normale et les populations ont besoin d’être informées sur la situation et les comportements à adopter », a expliqué Pancras Zountchégbé.
La récente rencontre du 27 août entre les Ministres de l’Économie, de la Santé, les partenaires techniques et financiers, ainsi que les équipes techniques des structures étatiques à Cotonou, illustre la priorité sanitaire que représente la variole du singe. Lors de cette réunion stratégique, le mécanisme de riposte utilisé pendant la crise du Covid-19 a été réactivé, incluant la communication adaptée. « Le Bénin a acquis une expérience solide en communication de crise lors des pandémies récentes », a rappelé Zountchégbé.
La stratégie
La mise en place d’une communication de crise efficace demande à la fois du recul, du sang-froid et une grande réactivité. « En temps de crise, il est crucial de réagir promptement aux besoins et d’assurer une veille informationnelle constante pour anticiper les évolutions, démentir les rumeurs et combattre la désinformation », a insisté l’expert.
Les enjeux de la désinformation
L’un des principaux défis de la communication de crise réside dans la gestion de la désinformation, particulièrement sur les réseaux sociaux. « Tout le monde peut produire et diffuser des contenus sur ces plateformes. Il est donc crucial de maîtriser l’information et de détecter les fausses nouvelles grâce à la veille informationnelle », a précisé l’expert. Ce problème de désinformation touche également les médias traditionnels, où des erreurs peuvent survenir.
Les canaux d’information
La communication de crise doit s’adapter aux réalités de ses différentes cibles. « Il est nécessaire de choisir des canaux de communication appropriés en fonction des cibles. Dans le cas d’une crise sanitaire comme celle du Mpox, qui touche tout le monde, il faut mobiliser l’ensemble des canaux disponibles, médias et hors-médias, pour que l’information atteigne efficacement chaque segment de la population », a souligné M. Zountchégbé.
La gestion de la réputation
La communication de crise ne consiste pas seulement à réagir face à une situation, mais aussi à la prévenir, notamment en ce qui concerne la réputation des institutions. « Il faut anticiper et minimiser les risques pour éviter que la réputation de l’institution concernée, comme le Ministère de la Santé ou le gouvernement, ne soit affectée », a conseillé Zountchégbé. En cas d’atteinte à la réputation, il est essentiel de réagir rapidement et de fournir des preuves tangibles pour rétablir la vérité.
En somme, la communication de crise, bien qu’exigeante, est une arme redoutable pour faire face à des épidémies telles que la variole du singe. Elle permet de garder la population informée, de prévenir la désinformation et de protéger les institutions publiques.