Arrivé au pouvoir, François Mitterrand, Président de la République française avait négocié et obtenu le rapatriement en France, des soldats français morts en Indochine pendant la guerre de 1940 et 1945. Aujourd’hui, alors que certains pays africains, le Bénin, en tête ont demandé le retour des biens culturels tels que les objets d’arts, de très nombreux combattants africains reposent à Lectoure dans le département du Gers en France, véritables patrimoines qui devraient nourrir la mémoire collective des Africains chez eux.
Au cimetière de Lectoure, sont inhumés un peu moins d’une centaine de tirailleurs sénégalais de la guerre de 14-18 (combattants originaires de l’ensemble des anciennes colonies d’Afrique noire française) loin de leur patrie. Ils sont tous identifiés. La mairie de Lectoure a la liste de ces morts avec l’origine des villages de leurs pays. Ils sont venus du Congo, du Niger, de la Haute-Volta (actuel Burkina Faso), de la Côte-d’Ivoire, du Dahomey (aujourd’hui le Bénin), de la Guinée, du Mali, du Sénégal, etc. Pourtant aucun des pays africains ne fait la demande des dépouilles de ses enfants morts pour la France.
« Cela s’explique, déclare Joseph Adandé, historien de l’art, dans un entretien qu’il nous a accordé. Si on dit aujourd’hui aux Sénégalais, bon vous allez récupérer les corps des soldats du Gers, vous êtes sûr qu’ils seront d’accord ? L’État sénégalais sera-t-il d’accord pour prendre en charge les frais ? L’État dira que j’ai d’autres préoccupations. Les miens n’ont pas encore mangé. Il y a d’autres choses à faire que de récupérer etc etc. »
L’historien béninois reste néanmoins optimiste car selon lui, le champ de la conscience de l’humanité s’ouvre chaque année un peu plus.