Pères, c’est sans doute trop dire. Géniteurs, peut-être, et encore ! Plus sûrement, engrosseurs mécaniques et irresponsables.
L’histoire est celle d’une dame de 41 ans que son mari prétendu vient d’abandonner avec sept enfants – il y a eu deux fois deux jumeaux – dans une case sinistre. Il a rejoint dans son domicile la tenancière d’une gargote, qui a des moyens. Elle lui a déclaré sa flamme. Il l’a suivie sans état d’âme. L’indépendance financière de la nouvelle lui permettra peut-être de renvoyer le nouveau quand elle n’en aura plus besoin pour son confort. Parlera-t-on alors de juste retour du bâton ou de justice immanente ? Pour quelle satisfaction ? Aucune !
L’abandonnée avec sept enfants n’est, hélas, pas une exception. On les voit, ici et là, porteuses solitaires du fardeau de trois à six enfants parce que les engrosseurs mécaniques et irresponsables foulent au pied les 1031 articles du Code des Personnes et de la Famille, qui introduit la civilisation au sein du couple et entre le couple et les enfants. Ils se moquent également du pays et de son avenir parce que leur je-m’en-foutisme fait régresser le Bénin vers une surpopulation de gens inutiles au développement de la cité et nuisibles à sa stabilité. Pour arrêter la catastrophique explosion démographique, l’Etat chinois, totalitaire, imposa un enfant par couple, puis deux. Pas un de plus ! L’Etat béninois, démocratique et libéral, doit-il subir la déferlante ? Comment va-t-il loger, nourrir, soigner, scolariser la foule qui s’entasse à raison de moins du million en 1946, environ deux millions en 1960, environ douze millions en 2022 ? L’Etat béninois devra peut-être s’imposer d’éduquer les couples à la responsabilité personnelle en matière de natalité. Vaste affaire. Tâche de longue haleine.
Tâche rendue problématique par quatre discours. 1- Le discours ancestral : « C’est tout bénéfice que d’avoir des enfants. » Et il paraît très difficile de renverser la vapeur pour faire admettre que, dans une société sortie de la ruralité, l’enfant n’est plus un bénéfice mais une charge à porter en conscience et responsabilité, et qu’en cette matière, c’est un crime contre les enfants que de s’en surcharger. 2.- Le discours de la religion : religion rétive à la contraception et opposée à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). 3.- Le discours des Saintes Ecritures relayées par les Eglises : « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la. » (Gen., 1/28), et « Laissez venir à moi les petits enfants. » (Mat., 19/13). Or on ne sache pas que Yahvé et Jésus approuvent l’insouciance des abandonneurs et bénissent la morne résignation des abandonnées. 4.- Résignation qui résulte de la coalition des trois discours précédents : « Il m’a rejetée. Ce n’est rien. Mes enfants sont ma consolation. » Mais que fera-t-elle toute seule pour que ses consolateurs ne deviennent pas enfants de la rue ?
Saintes Ecritures et ancestrale Tradition portent en filigrane l’éternelle vérité de la responsabilité personnelle, même dans les couples disloqués, afin que l’accueil réservé aux enfants, qu’ils ont appelés au monde, reste un accueil digne. L’amour est la page ouverte à écrire toujours. Ne l’écrivant plus dans la famille initiale, le père séparé doit continuer à l’écrire pour les enfants restés avec la mère. A propos des enfants, le français a le mot juste : ÉLEVER. C’est la tâche noble, primordiale et magnifique des parents avant d’être la tâche républicaine de l’Etat créant les grandes structures adéquates pour accompagner le devoir des parents à vraiment élever leurs enfants, à les faire grands, toujours plus grands. L’Etat, au Bénin, devra peut-être faire des lois pour aider les parents, surtout les pères, à ne pas devenir un drame, un cauchemar pour leurs enfants, mais à rester, naturellement, leur sourire et leur soleil, leur grâce et leur bénédiction. C’est un devoir. Il faut l’accomplir.