« Les murs ont des oreilles ». Et voici, « la folle du logis » aidant, un aperçu de ce qu’a pu dire le Président de la Fédération de Russie au Président en exercice de l’Union Africaine lors de leur rencontre le 3 juin à Sotchi, plutôt loin de Moscou, en l’an de non-paix 2022.
Le chef du Kremlin a été clair. Il allègera la misère des pauvres pays africains secoués par sa simple opération militaire. Mais qu’ils sachent que lorsque le coût de la vie a quitté le plancher, passant abruptement de 50 à 75, il ne revient pas au point de départ. Cependant, usant de sa puissance, il œuvrera pour le faire descendre en Afrique à 60 en attendant qu’il remonte lentement à 75. Car c’est toujours ainsi. Les économistes le savent. Les prix qui s’envolent percent le plafond dont ils font leur nouveau plancher. Dans le capitalisme d’Etat, qu’il continue de préférer, lui, soucieux des misérables, les aurait soulagés d’un claquement de doigt, partout et jusqu’en Afrique. Or le capitalisme sauvage imposé au monde par des gens mauvais rend difficile de secourir les pays africains ahanant sous ce libéralisme débridé. Mais qu’ils se fient à lui ! Son immortel prédécesseur Lénine, après avoir supprimé les tsars buveurs du sang des paysans, a mis l’Union Soviétique au service des prolétaires. La Grande Russie a pris la relève de l’Union et fera, pour les Africains affamés, tout ce qu’elle peut.
En retour, il aimerait que les Africains se méfient de l’Europe, lui tiennent tête, comme il le fait lui-même. Sans l’ardeur guerrière de son très grand prédécesseur Staline, l’Europe serait à gémir sous la croix gammée. Or l’Union Européenne avec l’Allemagne en pole position lui inspire crainte et tremblement. Voilà, entre autres, pourquoi, à la lumière du génie de Staline, il a pris les devants en Ukraine pour prévenir afin de ne pas avoir à guérir. Certains pays africains n’ont pas approuvé sa stratégie et ne l’ont pas soutenu à l’ONU. Il n’en rajoutera pas à leur misère. Il les laissera avoir du blé pour leur pain blanc.
Il conseille vivement que certains pays africains affamés représentés par son hôte se méfient de la France. La France ne cessera pas de les aimer. Elle les aima esclaves. Elle les aima colonisés. Elle les aime aujourd’hui spoliés. La France les aimera toujours. Pour autant, ils devraient avoir une deuxième corde à leur arc. Et quelle meilleure corde que la corde russe ! Il la leur tend bien volontiers. On lui a dit que dans certains de ces pays, 98% de ce qu’un prétendant met sur le tapis pour acheter une femme (« doter », rectifia l’hôte in petto) provient de l’Europe. Or la Fédération de Russie a tous les ingrédients pour l’achat d’une femme. La Russie a tout. Elle a aussi la vodka, formidable énergisant pour le corps et pour l’esprit, rien à voir avec les tord-boyaux d’Afrique. On lui a dit aussi que les Africaines adorent se gratter pour ressembler aux Européennes. Non, elles doivent se gratter pour ressembler aux belles Russes. La Russie a les onguents pour une dépigmentation réussie. En plus, dans tous les salons de coiffure de la Fédération, il fera ramasser les longs cheveux blonds des blondes Russes. Il les enverra en Afrique pour leur recyclage sur les crânes crépus pour la russification du continent noir. Ce sera payé en rouble, que les pays africains affamés n’ont pas en réserve, il le sait. Il leur prêtera donc ce qu’il faut de rouble. Ils rembourseront en dollar. Car, et il le sait, les Yankees sont gens très mauvais, mais leur dollar est très bon.
Il félicite son hôte d’avoir capté que l’avenir de l’Afrique passe par la russification de ce continent éclopé. Les pays africains dont les ombres faméliques l’ont suivi à Sotchi témoignent du besoin de Russie en Afrique ainsi qu’ils valident le bien-fondé de son opération militaire en Ukraine. Besoin de Russie en Afrique, besoin de Russie dans le monde. Et il tient à dire à son hôte que d’être venu lui faire allégeance à Sotchi le grandit à la tête de ses semblables africains, mais que dans le monde, il reste très loin derrière lui Poutine.