Dans une interview exclusive accordée au journal “Bénin intelligent”, le Père Rodrigue Gbédjinou, prêtre de l’Archidiocèse de Cotonou et docteur en Théologie dogmatique, a partagé son point de vue sur l’implication des fidèles de l’église catholique dans la sphère politique au Bénin.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire et malgré une visibilité accrue, la population béninoise n’est pas majoritairement chrétienne. C’est ce que soutient le Père Rodrigue Gbédjinou de l’église catholique. “La population béninoise n’est pas chrétienne. Pas du tout. Les chrétiens sont même minoritaires toutes confessions confondues.”, a-t-il affirmé dans une interview accordée à “Bénin intelligent”.
Cette situation, selon lui, peut induire une certaine complaisance parmi les membres de l’Église, les amenant à “dormir sur leurs lauriers” même si historiquement, les chrétiens, notamment les catholiques, ont occupé des postes de pouvoir dans le pays.
En analysant l’implication de ces chrétiens dans la vie politique du Bénin, le docteur en Théologie dogmatique constate que trop souvent, la foi est cloisonnée et perçue comme distincte de la vie politique. “Quand les gens sont en politique, ils pensent la politique simplement comme un jeu de dames, un jeu de pions où il faut pousser ou s’il faut dire « ruse et rage ». Ils ne se préoccupent guère si cela est en accord avec leur foi chrétienne.”, explique le Père Gbédjinou.
L’Église interpelée
Il met en garde contre le risque du “dédoublement de la personnalité” chez certains chrétiens engagés en politique, où les valeurs et principes de la foi sont relégués au second plan au profit d’intérêts politiques personnels. Face à ce constat, il appelle donc à un travail plus approfondi au sein de l’Église pour former et accompagner ceux qui s’engagent en politique, afin de favoriser une cohérence entre leur foi et leurs actions publiques.