Les dernières déclarations de l’agence française Canal France International (CFI) montrent visiblement qu’elle évolue en agent double dans l’affaire qui oppose Mario Metonou, procureur de la République du Bénin et le journaliste béninois Ignace Sossou. Retour sur quatre propos de CFI, les uns aussi surprenants que les autres après l’arrestation suivie la condamnation du journaliste à 18 mois de prison ferme et 200 000 frs d’amendes le 23 décembre dernier.
19 décembre 2019. Veille de l’arrestation du journaliste Ignace Sossou, participant au Forum Verifox Afrique tenu à Cotonou 17 au 19 décembre. CFI, organisateur du forum adresse une lettre au ministre de la justice béninoise suite aux tweets diffusés par Ignace Sossou relayant des propos du procureur de la République, communicateur sur ledit forum. Dans sa lettre, CFI peint un portrait de Sossou: « journaliste peu scrupuleux» qui profite d’un « moment privilégié pour tenter de faire le buzz aux dépens de M. le Procureur ». Des propos retrouvés sur les réseaux sociaux le lendemain après l’arrestation du journaliste, qui ont choqué, et suscité l’indignation de la part des journalistes nationaux et internationaux.
Des propos qui peuvent surprendre, tant les déclarations de CFI paraissaient à charge contre le confrère qui plus est l’un de ses partenaires, à qui elle a fait voyager lors de l’anniversaire de ses 30 ans à Paris.
CFI préoccupée par l’arrestation du journaliste
Dans les heures qui ont suivi l’arrestation Ignace Sossou, elle étonne à nouveau avec « CFI est vivement préoccupée par l’arrestation du journaliste Ignace Sossou ». Cela paraît clairement comme une légère prise de conscience de la gravité de la lettre de sa part une hypocrisie après son forfait. Car à la vérité, lors du procès du mardi 23, Ignace Sossou a été condamné sur la base de la lettre de CFI brandie au tribunal. « Notre courrier n’était destiné qu’au ministre afin de protéger notre partenaire qui avait fait venir le Procureur au Forum » a confié l’un des responsable de CFI à un confrère.
Les décisions prises reviennent à la justice béninoise
CFI ne se sent nullement responsable de ce qui est arrivé au journaliste béninois. « Les décisions prises par la justice béninoise reviennent entièrement à cette dernière », s’est défendue CFI sur son site le 2 janvier.
CFI manipulée?
8 janvier 2020. La saga des déclarations continue. CFI se fait plus précis et accuse dans un communiqué : «L’agence CFI Développement Médias demande sa libération dans les plus brefs délais, présente ses excuses quant au déroulement des événements dont il a été victime et s’indigne d’avoir été instrumentalisée dans le cadre de cette décision».
Mieux, joint au téléphone ce 10 janvier par nos confrères de la radio Fraternité, Alan Dreanic, directeur général adjoint de CFI reconnait enfin que les tweets de Sossou n’ont en rien déformé les propos du Procureur contrairement à ce que soutenait la correspondance adressée au ministre de la justice le 19 décembre. « C’est tout fait à ce qu’avait effectivement déclaré le procureur de la République », tranche Adreanic. Toujours au micro de nos confrères, il annonce une procédure disciplinaire à l’encontre « des personnes à l’origine de ce courier et ceux qui l’ont également signé ».
En variant les déclarations et sa positions depuis le début de cette affaire au gré de l’évolution du dossier, CFI se rend de moins en moins crédible aux yeux de ses partenaires et des médias en général.