Le diplôme du baccalauréat désormais en poche, les jeunes bacheliers sont déjà soucieux de l’avenir. L’euphorie du succès fait maintenant place au stress de l’orientation professionnelle d’après bac. Déboussolés, la plupart ne savent plus à quel Saint se vouer si ce ne sont les informations glanées ça et là, de bouche à oreille. Pour mieux les orienter dans leurs choix, des anciens bacheliers, aujourd’hui insérés dans la vie professionnelle ou encore au chômage leur donnent ici des directives pour des choix objectifs et sans regrets.
Comme aimait le dire un professeur de philosophie à ses élèves de terminale : «Le tort que vous auriez commis, c’est d’avoir eu le bac». Et comme une prophétie, cette phrase choc et fort déroutante résume les tribulations qui peuvent être celles des nouveaux bacheliers appelés à préparer leur avenir à travers le choix des filières de formation. S’il est vrai que les universités publiques et privées du Bénin mettent à disposition des étudiants des guides d’orientation dans le choix des filières, il faut avouer que ceux-ci ne comblent pas toujours les attentes. Combien ne sont-ils pas, c’est nouveaux bacheliers à avoir suivi à la lettre ces guides d’orientation et qui se retrouvent aujourd’hui au chômage? C’est dire si même avec ces documents supposés être à même de mieux orienter les nouveaux bacheliers, bien des choix peuvent être sans lendemain.
Ceci étant, le recours aux anciens bacheliers ayant une expérience certaine de ces questions de choix et orientations des filières de formation peut s’avérer utile pour éclairer la lanterne des nouveaux. Et pour rompre avec cette monotonie des formations classiques devenues productrices de chômeurs en masse, Yves Florent Émmanonhoué, Professeur Certifié de français suggère : «Pour ma part, je déconseillerai aux nouveaux bacheliers toutes les formations qui touchent à l’administration, à la banque et aux finances, aux relations internationales.» Ainsi, contrairement aux perceptions des jeunes qui rêvent de formations débouchant sur de l’emploi, Armel Laadé, Technicien BTP déconseille : «Je pense qu’au jour d’aujourd’hui, nos apprenants ne doivent plus étudier dans l’espoir de trouver un emploi mais plutôt dans l’espoir d’en créer plusieurs.» D’après lui, l’école ne serait donc plus le cadre idéal de formation qui assure aux jeunes un avenir professionnel radieux. Aussi, croit-il que : « Nous n’avons pas besoin du papier et de gros français pour développer notre pays mais plutôt des actes concrets.» Mais cette rupture ne peut s’opérer sans un changement de paradigme seulement possible grâce à l’action des politiques. Selon Armel Laadé donc : «Nos dirigeants doivent prendre conscience pour sortir le système éducatif béninois de la longue nuit d’obscurantisme dans laquelle il était plongé depuis l’époque coloniale.»
En d’autres termes, les futurs étudiants sont invités à rompre la chaîne des formations classiques prédisposant au chômage pour s’orienter beaucoup plus vers des formations qualifiantes et favorisant l’auto emploi. C’est aussi l’avis de Julien Kandé Kansoun, écrivain et homme de lettres qui affirme sans ambages : «Je pense que si j’ai un frère qui a le baccalauréat série D ou la série C, il fera l’agronomie. Car, les hommes mangeront toujours. S’il a une bonne politique d’information et de commercialisation, il va vendre.» Voilà qui est clair! L’écrivain invite les nouveaux bacheliers à s’orienter vers des formations qui leur permettent d’être plus utiles à la société et qui par ricochet les mettent à l’abri du besoin. Maintenant cette position qui pour lui est une certitude, il renchérit : «Il peut faire l’élevage. C’est bien rentable si on fait le porc ou les volailles.» Évidemment, à défaut de l’élevage et de l’agronomie, tous les métiers de la restauration sont donc des opportunités indiqués pour ces nouveaux bacheliers toujours indécis ou n’ayant pas encore de choix. Pourtant, le monde moderne offre bien d’autres opportunités de formation qui nourrissent bien leur homme.
Le numérique, un boulevard d’opportunités
Dans un monde en plein essor numérique, tout ce qui a trait à l’informatique est indiscutablement une opportunité à saisir. Julien Kandé Kansoun n’en doute pas un instant. C’est pourquoi s’il a un frère bachelier : «Il peut aller vers l’informatique car, le monde est en train de devenir numérique.» Et parlant de numérique, les opportunités foisonnent, allant de la maintenance informatique aux activités de trading qui demandent une solide formation pour y réussir. Pour Yves Florent Émmanonhoué, l’informatique et les métiers connexes restent l’une des voies royales à suivre pour un avenir professionnel certain aujourd’hui. Aussi, affirme-t-il : «je suis favorable aux formations dans les domaines de l’informatique et de l’intelligence artificielle.» Interrogé sur ce qu’il conseillerait aux jeunes bacheliers, Fiacre Koto crypto-investisseur répond sans détour : «le trading!». Sur les motifs de cette orientation, il explique : «Les formations universitaires ne garantissent vraiment plus ni emploi ni vie décente. Or, le trading peut permettre aux jeunes, aujourd’hui, de vivre comme ils l’entendent sans tremper dans des activités illicites. Le plus important, pour faire fortune dans le domaine, c’est de se faire former avant de se lancer.» Mais à la question de savoir si des écoles ou instituts donnent la formation désormais au Bénin, il répond : «Oui, des structures ou des particuliers doués dans le domaine forment déjà de nombreux jeunes qui désirent être trader.»
Btp, mode, il y a mieux aujourd’hui…
En dehors donc des métiers et formations suscitées, d’autres opportunités existent et permettent désormais au jeunes de finir sans avoir à se soucier des débouchés. Ainsi, Julien Kandé Kansoun conseille : «Il peut faire aussi génie civil, car les travaux de bâtiment et de route, on en aura toujours besoin.» Cela est une évidence, les formations dans métiers des Bâtiments et travaux publics (Btp) sont prometteuses du moment où la demande en main d’oeuvre existera toujours. Le pays demande encore à être construit et toute personne qualifiée dans ce domaine pourra trouver à faire. De la même façon, les hommes auront toujours besoin de se vêtir et cela fera forcément l’affaire des professionnels de la mode. Aussi, Julien Kandé Kansoun, affirme confiant : « Les gens vont toujours s’habiller.». Abondant de le même sens, Yves Florent Émmanonhoué dresse un large éventail de formation bien porteuses pour ces jeunes nantis du bac : «Ils pourraient s’orienter dans des secteurs comme le stylisme, l’esthétique, la menuiserie, le froid et la climatisation, la construction ainsi que les métiers de l’art.»
Eu égard à tout ce qui précède, les jeunes bacheliers doivent savoir que faire à l’université désormais pour ne pas finir chômeur ou sous employés demain comme leurs aînés mal orientés par le passé. Et pour cela, Armel Laadé suggère : «Nous devons penser à éduquer autrement la jeunesse béninoise, amener nos jeunes frères et soeurs à réfléchir autrement, leur offrir des formations pratique qui leur permettront de se prendre en charge après les études, afin que la nation toute entière puisse en tirer profit.» C’est une suggestion qui interpelle apprenants, parents et décideurs car l’avenir de ces jeunes âmes mais encore celui de la nation en dépendent.