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Malnutrition et déscolarisation au Bénin : deux enquêtes dévoilent les failles des politiques publiques

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À Cotonou, Social Watch Bénin et l’UNICEF ont réuni, le mercredi 8 octobre 2025, plusieurs professionnels des médias autour de la présentation de deux enquêtes journalistiques. Signées Maryse Assogbadjo et Fortuné Sossa. Ces investigations lèvent le voile sur les défis persistants qui minent la scolarisation et la nutrition des enfants béninois, malgré les multiples efforts publics et partenaires.

Le sort des enfants béninois reste au cœur des préoccupations. À travers un concours d’écriture journalistique organisé par Social Watch Bénin en partenariat avec l’UNICEF Bénin, deux journalistes d’investigation, Maryse Assogbadjo et Fortuné Sossa, ont mis en lumière les défaillances qui compromettent la protection et le bien-être des plus jeunes. Leurs travaux ont été présentés lors d’une conférence de presse de dissémination tenue à Cotonou, le 8 octobre 2025, en présence de plusieurs professionnels des médias.

Dans son enquête intitulée « Éducation pour tous : les enfants hors de l’école, des marginalisés des PDC », Maryse Assogbadjo explore la déscolarisation dans les communes de Kandi et Parakou. Elle révèle que près de 1,8 million d’enfants béninois demeurent exclus du système éducatif. Entre pauvreté, travail précoce et faible engagement politique local, les causes de cette exclusion sont multiples.

La journaliste met également en évidence la faible implication des communes dans les politiques éducatives, ainsi que la dépendance accrue aux financements extérieurs. Son enquête alerte sur les risques croissants de mendicité infantile et de radicalisation dans certaines zones du Nord du pays. Elle met toutefois en lumière quelques initiatives d’éducation alternative, qui bien que prometteuses, demeurent limitées par le manque de ressources.

La nutrition, le tendon d’Achille des politiques sociales

Le second travail, signé Fortuné Sossa, s’intitule « Programme nutritionnel au Bénin : un nombre insuffisant d’enfants impactés ». Son enquête révèle que malgré les programmes gouvernementaux et le soutien constant des partenaires techniques et financiers, la malnutrition infantile reste un problème majeur.

Selon ses conclusions, 26 % des ménages béninois vivent dans une insécurité alimentaire chronique, exposant de nombreux enfants à des repas irréguliers, voire inexistants. Le journaliste met en lumière les lenteurs administratives, les inégalités d’accès aux soins et les limites des cantines scolaires, où certains élèves se voient exclus faute de pouvoir payer leurs repas.

Rigobert Orou Ganni de Social Watch Bénin et Mohamed Aboubakari de l’UNICEF

Des enquêtes qui font bouger les lignes

Saluant la pertinence de ces travaux, Rigobert Orou Ganni, président du Conseil d’administration de Social Watch Bénin, a souligné leur impact réel sur les politiques publiques. « Vous avez porté bonheur, parce qu’au moment même où vous avez publié vos articles, le gouvernement a adopté la stratégie de renforcement des alternatives éducatives. Le dossier de Sossa sort aussi, et deux semaines après, une conférence internationale est organisée sur la nutrition en présence du chef de l’État », a-t-il déclaré.

Même son de cloche du côté de l’UNICEF. Pour Mohamed Aboubakari, représentant du Représentant résident de l’organisation au Bénin, ces enquêtes constituent une base solide pour un plaidoyer fondé sur des preuves. « Vous avez donné des arguments qui vont permettre de faire un plaidoyer basé sur des faits. Vous avez discuté avec des acteurs et ramené des éléments qui renforceront encore l’action collective », a-t-il affirmé.

Agir maintenant

À travers ces deux enquêtes d’investigation, Social Watch Bénin et l’UNICEF appellent à une mobilisation nationale pour consolider la coordination des programmes publics en faveur des enfants vulnérables. Car, au-delà des efforts entrepris, les réalités du terrain rappellent l’urgence d’une action concertée et durable pour garantir à chaque enfant béninois son droit à l’éducation et à une alimentation saine.

Philippe G. LOKONON


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