La position de l’Église catholique romaine sur la crémation a longtemps été source de débat. Si ce rite funéraire était autrefois strictement interdit, il est aujourd’hui accepté, bien que sous certaines conditions. L’abbé Frédéric Dansikpè, prêtre béninois du diocèse de Lokossa, a clarifié la position de l’Église lors d’une interview accordée à Lameteo.
Pendant des siècles, l’Église catholique a fermement rejeté la crémation, la considérant comme incompatible avec le dogme de la résurrection des corps. Ce n’est qu’au XXe siècle, après la promulgation du décret “De cadaverum crematione” le 5 juillet 1963, et la publication de l’instruction du Saint-Office “Instructio de cadaverum crematione” le 24 octobre 1964, que le Vatican a officiellement assoupli sa position. Ces textes clarifient que « l’incinération du corps ne touche pas à l’âme et n’empêche pas la toute-puissance de Dieu de rétablir le corps, de même qu’elle ne contient pas en soi une négation objective des dogmes. »
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Plus récemment, l’Instruction Ad resurgendum Christo du 15 août 2016 a réaffirmé cette acceptation, tout en établissant des directives claires pour encadrer la pratique. Ainsi, bien que l’Église permette la crémation, elle recommande que celle-ci soit précédée par la célébration des funérailles avec le corps présent dans un cercueil, et que les cendres soient conservées dans un lieu sacré, tel qu’un cimetière.
La crémation au Bénin : un exemple récent
Au Bénin, la pratique de la crémation reste encore marginale, mais des cas notables commencent à émerger. L’un des exemples les plus récents est celui de Rosine Vieira Soglo, ex-Première dame du Bénin, ancienne députée à l’Assemblée nationale et fidèle catholique. Décédée en juillet 2021, elle avait exprimé le souhait d’être incinérée après sa mort. Ce désir a été respecté, et elle a été incinérée au Ghana, avec l’approbation de l’Église catholique.
« Rosine Vieira Soglo, chrétienne catholique, a choisi de se faire incinérer après sa mort. L’Église ne s’est pas opposée à sa volonté et à la fin, elle a été incinérée au Ghana », a rappelé l’abbé Frédéric Dansikpè, soulignant ainsi que l’Église ne s’oppose plus à cette pratique dans les milieux où elle est courante.
Une pratique sous conditions
Cependant, l’acceptation de la crémation par l’Église catholique reste encadrée par des conditions strictes. Outre l’obligation de conserver les cendres dans un lieu sacré, l’Église insiste sur l’importance des funérailles traditionnelles, même en cas de crémation. Ces exigences visent à préserver la dignité du défunt et à maintenir un lien avec les pratiques funéraires traditionnelles, tout en s’adaptant aux évolutions contemporaines.
Ce dossier sur la crémation dans les grandes religions se poursuivra par une analyse de l’impact sociologique de cette pratique au Bénin.