Le gouvernement tchadien a annoncé, jeudi 28 novembre 2024, la fin de l’accord de coopération en matière de défense avec la France, une décision survenue après la visite du ministre français des Affaires étrangères à Ndjamena.
Le Tchad a officiellement tourné une page importante dans ses relations militaires avec la France en mettant un terme à l’accord de coopération en matière de défense signé entre les deux pays, et révisé en 2019. Cette annonce a été faite dans un communiqué du ministère tchadien des Affaires étrangères, publié sur sa page Facebook officielle.
Selon le ministre d’État Abderaman Koulamallah, cette décision marque une volonté de renforcer l’indépendance du pays sur le plan stratégique et militaire. « Le Gouvernement de la République du Tchad informe l’opinion nationale et internationale de sa décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française », a-t-il précisé.
Une décision aux multiples lectures
L’annonce est intervenue peu après la rencontre entre le général Mahamat Idriss Déby Itno, président de transition tchadien, et Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères. Bien que cette rupture n’ait pas été explicitement abordée lors de leur échange, le ministre tchadien des Affaires étrangères a souligné que « la France doit désormais considérer que le Tchad a grandi et mûri ».
Toutefois, cette rupture n’entame pas, selon Ndjamena, les liens historiques entre les deux pays. Le gouvernement tchadien a assuré que la transition vers de nouvelles modalités de coopération se ferait dans le respect des engagements bilatéraux, en précisant être « ouvert à un dialogue constructif pour explorer de nouvelles formes de partenariat ».
Cette décision s’inscrit dans un contexte où l’armée tchadienne fait face à des défis sécuritaires majeurs, notamment des affrontements récents avec Boko Haram dans la région du Lac Tchad. Sous l’opération Haskanite, dirigée par le général Mahamat Idriss Déby Itno lui-même, des moyens militaires russes ont été massivement déployés, illustrant le rapprochement croissant entre Ndjamena et Moscou.
Cette évolution reflète une diversification stratégique des alliances du Tchad, marquée par un rééquilibrage des partenariats militaires et économiques. Pour certains observateurs, ce rapprochement avec la Russie symbolise une volonté de s’affranchir de la tutelle occidentale et de redéfinir sa souveraineté.
Alors que le Tchad amorce cette transition délicate, la gestion du préavis de résiliation et la mise en œuvre de nouveaux partenariats seront des éléments clés à observer. Entre Paris et Ndjamena, si « l’amitié des armes » s’éloigne, les relations diplomatiques pourraient, elles, connaître un nouveau chapitre.
