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« De 40 par jour, BK Energy Petroleum accueille, aujourd’hui, 40 par heure » : face à cet afflux de clients, un promoteur de station-service dévoile ses stratégies

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À peine sommes-nous arrivés sur les lieux pour l’interview, que Benoît Kegbo débordé, nous prient de patienter. Normal ! L’homme de 53 ans est pour l’heure absorbé par le déchargement d’une commande d’essence dans les réservoirs de l’une de ses stations-service : BK Energy Petroleum.

un extrait audio de l’entretien

Nous sommes jeudi 15 juin à Gbetagbo, commune d’Abomey-Calavi. Le compteur de la pompe à essence affiche 650 FCFA le litre. Depuis 2021, ce détenteur d’agrément de ventes de produits pétroliers reçoit en moyenne une cinquantaine de clients par jour dans cette zone périphérique à 25 kilomètres de Cotonou. Mais depuis quelques semaines, la station-service accueille en moyenne 40 clients, toutes les heures.

Et pour cause, l’annonce d’une décision du nouveau président nigérian Bola Ahmed Tinubu qui supprime les subventions accordées au carburant dans son pays a engendré une flambée de prix de l’essence de contrebande, communément appelée “ kpayo”. Alors que le précieux liquide se prenait à 400 FCFA le litre, même moins dans Cotonou et environs, ces dernières semaines, le prix est monté à 700f voire 800f dans le commerce illicite.

La conséquence logique est donc une ruée des motocyclistes et automobilistes vers les stations-service fréquentées auparavant par de rares consommateurs.

Benoît Kegbo explique à Lameteo comment il fait face à l’approvisionnement en carburant pour satisfaire sa clientèle. Interview !

Benoît Kegbo

Lameteo: Avec la montée exponentielle du prix de l’essence frelaté dû à la décision du Nigéria de suspendre la subvention sur le carburant, comment arrivez-vous à gérer l’affluence ?

Benoît Kegbo: Je suis Benoît Kegbo, propriétaire de BK Energy petroleum. Depuis que la décision est tombée au Nigéria, plusieurs consommateurs viennent s’approvisionner chez nous contrairement au moment où l’essence dit ” kpayo ” était à moindre coût et très exposé au bord de la voie. Car au niveau des stations-service, c’est l’État qui fixe le prix des hydrocarbures. Donc pour l’essence, le prix du litre est fixé à 650 FCFA comparativement aux points de ventes de l’essence frelaté dont le prix du litre est à 700f. Ce qui justifie l’affluence chez nous. Ainsi, nous sommes confrontés à la pénurie en raison de l’accroissement des besoins de consommation sur le marché. L’importation du produit depuis le port autonome de Cotonou nécessite un long processus. D’abord, il faut lancer la commande auprès des fournisseurs qui en amont, doivent recevoir l’argent afin de délivrer un “appelé”.

 Qu’est-ce qu’un “appelé” ?

L’appelé est un papier sur lequel on inscrit le nom et le numéro de téléphone du chauffeur qui ira faire le plein de l’essence. À ce que je sache, c’était l’autorité portuaire qui délivrait l’appelé mais avec la situation actuelle, ce sont les fournisseurs d’essence même qui le délivrent. Quand l”‘appelé” sort, on appelle le numéro du chauffeur avant que ce dernier n’aille au port. C’est la raison pour laquelle à des moments donnés, les gens ne trouvent plus d’essence. C’est-à-dire, lorsqu’il y a beaucoup de personnes, on doit servir ceux à qui on a fait appel d’abord.

Donc de la même manière qu’on observe de file chez vous en station, c’est de cette même manière que vous propriétaires de stations le faites aussi au port avant de vous approvisionner en essence ?

Oui, la raison pour laquelle cela se passe ainsi est que celui qu’on a appelé premièrement doit être servi avant toi. Et cela se fait en fonction de l’ordre de l’appelé. Car sans ce dernier, tu n’auras pas accès au port.

Depuis quand vous aviez fait la dernière commande par exemple ?

J’ai fait une double commande en raison du retard observé dans le processus de l’appelé. La commande du vendredi dernier est venue 6 jours après. Et comme je l’ai su, j’ai dû lancer immédiatement une nouvelle commande qui est vite arrivée comparativement aux autres.

Donc à des moments donnés le manque d’essence n’est la faute de personnes. Par contre aujourd’hui, le gasoil est sous le contrôle du gouvernement. Donc il faut aller faire la commande au trésor public. Après avoir soldé, on te délivre une quittance qui te donne le droit de retirer la marchandise sans protocole.

Benoît Kegbo face à l’équipe de Lameteo

Donc c’est tout un autre processus.

Aussi, au niveau de l’essence, les particuliers qui détiennent déjà des agréments au niveau des postes se donnent d’abord le privilège dans l’approvisionnement. Ceci, parce qu’ils ont aussi des stations. Du coup ils vont d’abord s’en procurer avant de vendre le reste aux autres. C’est la raison pour laquelle c’est un peu lent à des moments donnés.

En dehors de ces contretemps, rencontrez-vous d’autres obstacles ?

Toutes ces tracasseries constituent des problèmes, mais nous n’avons pas le choix. À l’instar de ma société BK, beaucoup d’autres sociétés subissent les mêmes difficultés que moi. Si vous ne vous battez pas pour avoir plus de bénéfices, c’est vous qui perdez.

Avec l’avènement de cette situation, y va-t-il une augmentation de prix sur les chargements du produit au port où vous allez vous approvisionner ou bien c’est toujours au prix traditionnel ?

Non, le prix de l’essence n’a pas augmenté du côté du gouvernement. C’est toujours au même prix.

Vous avez à présent de l’essence dans votre station, des clients n’achètent plus au bord de la voie et viennent tous à la station. Comment vous gérez cette affluence dans votre station.

Environ 40 personnes venaient chaque jour auparavant. Maintenant qu’il n’y a plus d’essence sur les voies, ces 40 personnes viennent au même moment. Lorsqu’ils arrivent ainsi, nous les mettons en file indienne et les recevons un à un suivant l’ordre d’arrivée. Cette affluence fatigue beaucoup les pompistes aussi. Si vous propriétaire êtes sur les lieux en ces moments, vous êtes dans l’obligation de leur prêter main forte et si possible, augmenter le nombre de pompistes afin de satisfaire votre clientèle. Car ce n’est pas seulement l’essence qu’ils servent. Il y a le gasoil aussi. Et les consommateurs de gasoil sont pour la plupart, des conducteurs de véhicules poids lourds.

Est-ce que des gens viennent à la station payer l’essence afin de revendre ?

J’ai appris qu’ils font cela. Mais je n’ai pas encore eu ces genres de cas parce que je ne suis pas stable. Mais cela est étonnant au point où nous nous demandons si c’est vraiment du Nigéria que vient l’origine de la crise. Mais la loi interdit cette pratique.

Et pourquoi la législation interdit de vendre de l’essence aux revendeurs dans les stations ?

Oui, la loi interdit que ceux qui sont dans le besoin immédiat, tels que les conducteurs d’engins ou de véhicules attendent pendant que vous ravitaillez des revendeurs d’essence dans des bidons. Ce n’est pas une bonne pratique de laisser ceux qui sont en attente pour servir les revendeurs. De plus, l’une des pratiques que nous avons, est que quand on constate qu’il y a beaucoup de clients et que l’essence qui reste n’est pas suffisant et que dans le même temps, un client veut payer pour dix mille francs par exemple, on négocie avec lui pour qu’il en achète pour cinq mille pour que tout le monde soit satisfait. En dehors de cela, la loi prévoit encore que vous ne pouvez pas vendre l’essence et laisser le réservoir à sec. Ceci parce que le gouvernement pourrait en avoir besoin d’urgence. S’ils viennent dans votre station, ils doivent trouver de l’essence. C’est obligatoire. Un peu de réserve doit être conservée pour des cas d’urgence.

Combien de station avez-vous ?

L’autorisation qu’on m’a donnée me permet d’avoir des stations sur toute l’étendue du territoire béninois. Donc, je poursuis toujours la construction des stations dans le pays. Je suis un importateur d’essence pour la réserve nationale. Je peux aussi exporter de l’essence dans des pays enclavés comme le Mali, le Niger. J’ai même reçu cette autorisation il n’y a pas longtemps. Auparavant, j’opérais sous l’agrément d’un autre particulier. Mais en 2021, j’ai reçu mon propre agrément, après un processus de 3 ans de suivis.

Votre mot de la fin

Nous devons un sincère remerciement au gouvernement béninois. Sinon l’essence est très cher dans tous les pays limitrophes du Bénin. C’est seulement dans notre pays que le prix est abordable. L’État est vraiment d’un grand soutien grâce à ses subventions. Nous invitons nos consommateurs à faire preuve de patience et respecter le rang lorsqu’ils viennent s’approvisionner en essence dans nos stations. Dans la file indienne, qu’ils respectent la place de chacun.

Venance TONONGBE

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