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Covid-19 et paludisme : convergences et espoir [Chronique Roger Gbégnonvi]

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Si comparaison était raison, l’on pourrait dire que le Covid-19, c’est le paludisme prolongé, généralisé, mondialisé, plus agressif et plus mortel qu’à l’accoutumée. Jusqu’à ce qu’on lui oppose des traitements efficaces sur le court terme, le paludisme a beaucoup tué dans les régions impaludées. Au XIXème siècle, nombreux furent les missionnaires chrétiens qui en moururent au Dahomey quelque temps après y avoir débarqué. Aujourd’hui, malgré les traitements variés et multiples, le paludisme tue encore les enfants alimentairement carencés et les adultes fragilisés par d’autres maladies récurrentes. Dans ces cas, on peut même atténuer la culpabilité du paludisme en chargeant les complices qui lui préparent le terrain. En attendant d’éradiquer le Covid-19 comme on le fit de la variole, on note que la grande différence entre le paludisme et le Covid-19 est que le premier ne se transmet que du moustique à l’homme tandis que le second, une fois en place, peut se transmettre d’une personne à l’autre. Mais une fois installé dans le métabolisme de sa victime, le paludisme déploie des nuisances comparables à certaines que l’on vient de détecter chez le Covid-19.

1- Le paludéen ressent une fatigue intense du corps et de l’esprit. Le cas échéant, il est incapable de lire jusqu’au bout une page d’un livre. En attendant d’être guéri, « il traîne sa vie », littéralement. Peut-être une conséquence aussi des traitements qu’il inflige à la maladie, mais pas seulement. 2- Les papilles gustatives du paludéen ne fonctionnent plus ou fonctionnent très mal. Ne sentant plus du goût à ce qu’il mange, il perd l’appétit. Mais il s’oblige ou on l’oblige à s’alimenter pour que son anorexie passagère ne soit pas de l’eau apportée au moulin de la maladie. 3- Tous les six mois environ, le paludéen normal refait sa ‘‘crise de palu’’. A la pharmacie, on lui explique que le traitement qui lui avait réussi et qu’il vient acheter à nouveau n’est plus disponible, qu’il a été remplacé par un autre plus efficace encore. Et tous les six mois, c’est pareil. Et c’est à se demander s’il s’agit d’une astuce commerciale, ou si l’anophèle s’habitue et développe une certaine résistance aux différents traitements, ou si le paludisme développerait lui aussi des variants, comme à présent le Covid-19. 4- Faisant une espèce de lien entre le Covid-19 et le paludisme, il y a la chloroquine, dont certains virologues disent qu’elle soignerait le Covid-19 pris à ses débuts. Or la chloroquine appartient à la même famille que la nivaquine que, durant des décennies, on a utilisée systématiquement et abondamment pour combattre le paludisme sur les terres impaludées. Si la chloroquine, de la même famille que la nivaquine, peut soigner le Covid-19 à ses débuts, est-ce à dire que le Covid-19 commencerait comme un « banal » paludisme ?
Car, sur les terres impaludées, le paludisme, malgré sa nuisance et sa létalité, est devenu comme banal : on en souffre toujours, on en meurt parfois. Or l’évolution des aléas covidiens dans le monde tend à rapprocher le Covid-19 de la banalité paludéenne : il semble en effet que l’humanité devra vivre en permanence avec le Covid-19, que certains en souffriront sans en mourir, et que d’autres en mourront, jusqu’á ce que l’on ait trouvé le ou les moyens de l’éradiquer. Et, du même élan, l’on éradiquera le paludisme. L’homme le fera.
Car les quatre contingences néfastes ci-dessus, entre le Covid-19 et le paludisme, constituent le lieu paradoxal de l’espoir d’un traitement efficace puis d’une possible éradication des deux maladies. Le Covid-19 fait lui-même devoir à l’homme de le vaincre parce qu’il réduit l’humanité à une société encagoulée, calfeutrée, apeurée. Inhumain ! Le paludisme n’a pas déshumanisé les terres impaludées. L’homme se doit donc de vaincre le Covid-19. Par ricochet, il vaincra le paludisme. L’homme le fera. Et le monde s’enchantera plus souvent qu’à son tour. Et la possibilité du bonheur sera plus grande. L’homme le fera.

Roger GBÉGNONVI

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