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Bienvenu Akoha sur la chefferie traditionnelle au Bénin : l’un « se disait 17e roi mais n’a pas pu dire le nom du 16e »

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Alors que le Bénin vient de se doter d’une loi encadrant la chefferie traditionnelle, le président de la commission chargée de l’élaboration du cadre juridique, Bienvenu Akoha, lève le voile sur les réalités découvertes sur le terrain : la prolifération de faux rois, souvent sans ancrage historique, qui tentent de légitimer leur autorité dans le paysage coutumier béninois.

Quelques jours après la promulgation par le chef de l’État, Patrice Talon, de la loi sur la chefferie traditionnelle, Bienvenu Akoha, président de la commission chargée de son élaboration, a accordé une interview au quotidien Le Matinal. Il y revient sur le processus ayant conduit à la rédaction de ce texte, mais aussi sur une réalité troublante : l’apparition massive de figures autoproclamées de royauté sans légitimité historique.

« Nous avons recensé plus de 300 rois à travers le territoire national », révèle-t-il. Mais tous ne peuvent se prévaloir d’une légitimité historique vérifiable. Au cours des enquêtes de terrain, menées dans les douze départements du pays, la commission a parfois été confrontée à des situations inexplicables. « On a même rencontré un qui se disait 17e roi de sa région, mais n’a pas pu nous dire le nom du 16e roi à qui il succédait. La fraude était de trop. », déplore-t-il.

Pour garantir la solidité du cadre juridique, la commission a fondé son travail sur une base documentaire rigoureuse. Une étude pionnière, intitulée « Historicité et espaces de pouvoir traditionnel au Bénin », réalisée en 2012 par le département d’histoire et d’archéologie, a servi de socle. À cela se sont ajoutés des ouvrages de référence, notamment « Du pouvoir Adja à la Nation Fon » du professeur Maurice Ahanhanzo-Glèlè, ainsi qu’une exploration des archives nationales, en particulier les textes coloniaux régissant les chefferies, comme les décrets sur les chefs de canton.

Cette phase documentaire a été suivie d’une vaste prospection de terrain, structurée en quatre sous-commissions. « Nous avons rencontré directement les acteurs traditionnels dans chaque région du pays », indique Bienvenu Akoha. Deux ateliers méthodologiques ont ensuite permis de mieux orienter les enquêtes et d’établir une méthodologie pour séparer l’authentique du fictif.

Mais la mission, aussi méthodique soit-elle, reste délicate. « Nous n’inventons rien. Mais les vérités historiques ont ceci de particulier qu’elles sont souvent mal comprises », prévient le Professeur Akoha. La commission dit avoir pris soin d’adopter un langage diplomatique pour ne pas heurter les sensibilités, notamment celles des descendants des figures mises en cause.


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