Malgré le lancement du processus d’audit du fichier électoral national demandé par l’opposition et l’engagement financier du gouvernement béninois, des membres de cette opposition restent sur leurs gardes. Éric Houndété, premier vice-président du parti Les Démocrates, exprime ses doutes et attend les résultats avant d’y croire.
Le processus d’audit du fichier électoral national est en cours au Bénin. Approuvé par le gouvernement du président Patrice Talon, à la demande du parti de l’opposition Les Démocrates, ce travail a été confié à un comité de pilotage incluant des membres de la société civile et des experts internationaux. Une enveloppe de 159,4 millions de FCFA a été allouée à cette mission, selon une décision du Conseil des ministres du 19 février 2025. Pourtant, malgré ces efforts, des voix discordantes s’élèvent au sein de ladite opposition, notamment celle du député Éric Houndété, qui se montre sceptique quant à la finalité du processus.
Invité à s’exprimer le 28 février 2025 à Cotonou, lors d’un colloque scientifique organisé par l’Église catholique à l’occasion des 35 ans de la Conférence nationale de 1990, Éric Houndété a émis des réserves sur la bonne foi du gouvernement dans cet audit.
« Je prie Dieu que cela se réalise pour le bien du pays, parce que ça peut n’être que de la poudre aux yeux », a déclaré le premier vice-président du parti Les Démocrates. Pour lui, la démarche engagée par le gouvernement ne constitue qu’un premier pas et ne garantit en rien un aboutissement transparent.
Le 24 février dernier, Patrice Talon a échangé avec le comité de pilotage dirigé par Jean-Baptiste Élias, en présence des membres désignés par des partis d’opposition, dont Les Démocrates. L’objectif de cette rencontre était de définir les modalités de l’audit et de formuler des recommandations pour assurer son bon déroulement.
Toutefois, Éric Houndété se méfie des intentions réelles du chef de l’État. « Un seul pas ne me suffit pas, moi, pour juger. Allons à la fin », a-t-il insisté.
L’opposant n’a pas manqué de faire un parallèle avec certaines déclarations passées du président béninois. Sans le nommer, il a rappelé que Patrice Talon avait promis de ne faire qu’un seul mandat avant de briguer un second. « On a dit dans ce pays qu’on veut faire un seul mandat. Et puis après, on en est au deuxième et les gens pensent qu’il faut en faire un troisième», a-t-il lancé.
L’audit sous surveillance
Pour l’heure, le comité de pilotage dispose des moyens nécessaires pour mener à bien sa mission. Reste à savoir si cet audit sera mené jusqu’à son terme et si ses résultats convaincront les plus sceptiques.
L’opposition, de son côté, garde un œil attentif sur le processus et attend de voir si cette initiative gouvernementale sera un véritable pas vers plus de transparence électorale ou une simple opération de communication.