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À Boukoumbé, l’Union des Femmes pour le Développement transforme la vie des femmes et de leurs familles : “Merci les mamans, vous nous avez aidés à reconquérir nos femmes”

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Au cœur des montagnes de l’Atacora, dans la commune de Boukoumbé, au nord-ouest du Bénin, un groupe de femmes s’affaire dans les unités de transformation de produits locaux. Entre les étals de fonio séché, les bassines de soja en fermentation, et les plateaux de mangues en train de sécher, ces femmes, organisées en groupements, travaillent avec une énergie et une détermination remarquables. Elles sont membres de l’Union des Femmes pour le Développement de Boukoumbé (UFeDeB – Yénta), une association née d’un rêve d’émancipation et de solidarité.

Boukoumbé, le 20 août 2024. Un après-midi ensoleillé. Dans une petite unité de transformation du soja, deux femmes sont penchées sur un grand récipient rempli de lait de soja. Elles échangent des sourires complices en vérifiant la texture du fromage qu’elles préparent. À quelques mètres de là, un autre groupe trie méticuleusement des grains de fonio. « Chaque jour, nous sommes là pour laver, vanner et trier le fonio afin qu’il soit prêt pour la vente », explique l’une des femmes, les mains plongées dans le grain précieux.

Dans une autre pièce, l’arôme sucré des mangues envahit l’air. Ces mangues sont disposées en fines tranches sur des grilles pour être séchées dans une machine. « Nous ne voulons pas nous concentrer sur une seule activité. Chacune d’entre nous fait partie d’un groupement spécifique : beurre de karité, soja, fonio, mangues séchées. Cela nous permet de diversifier nos sources de revenus et de ne pas rester dépendantes d’une seule production », explique N’Tia Tieta Jeanne, conseillère de l’UFeDeB.

Machine à secher les mangues

L’éducation comme point de départ

Cette initiative n’est pas née par hasard. « Notre commune compte sept arrondissements, et beaucoup de nos sœurs n’ont pas été à l’école », raconte Jeanne. « Nous, qui avons eu la chance de recevoir un peu d’éducation, nous sommes dites : “Comment pourrions-nous nous retrouver avec nos sœurs pour discuter, si ce n’est pas au sein d’une association ?” » Face à la réticence des familles à envoyer les filles à l’école, les fondatrices de l’UFeDeB ont décidé de créer une structure pour sensibiliser et soutenir les femmes de la commune.

L’approche de l’UFeDeB a eu un impact sur la vie des femmes et de leurs familles. « Nous encourageons les femmes à soutenir leurs maris, à s’occuper de l’éducation des enfants. Depuis que nous avons commencé, beaucoup de femmes ont changé leur comportement, et cela a amélioré la vie dans les foyers », témoigne la conseillère de l’association. Ce constat est partagé par une jeune veuve, mère de trois enfants, qui travaille dans l’une des boutiques de l’association. Grâce à ce revenu, elle parvient à subvenir aux besoins de sa famille. Les maris eux-mêmes ne tarissent pas d’éloges : « Merci les mamans, vous nous avez aidés à reconquérir nos femmes, et il y a du changement dans le foyer. »

Promouvoir une alimentation saine

Un autre volet essentiel du travail de l’UFeDeB est la promotion d’une alimentation saine. Conscientes des risques liés à une consommation excessive de sucre, l’association encourage l’utilisation de farine enrichie, composée de sorgho, de fonio et de farine de baobab. « Avec cette farine, on récupère rapidement les enfants mal nourris », explique ce membre fondateur de l’UFeDeB. Cette initiative a également pour but d’éduquer les jeunes mamans sur les bienfaits d’une alimentation équilibrée, bénéfique non seulement pour les enfants, mais aussi pour les personnes âgées.

En un peu plus de vingt ans, l’UFeDeB – Yénta est devenue un modèle d’organisation communautaire et de lutte pour l’émancipation des femmes dans cette région du Bénin.

Venance TONONGBE


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