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« Si le corps est incinéré, on ne pourra plus l’invoquer, on ne pourra plus l’appeler pour… » : Les risques liés à la crémation pour un fidèle du Vodun, selon un dignitaire (3/6)

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Au Bénin, la religion dominante est le Vodun, une philosophie religieuse vieille de plusieurs millénaires dont le pays est le berceau. Cette religion rejette fermement la pratique funéraire de la crémation. L’inhumation, pratiquée par dignitaires et fidèles depuis la nuit des temps, reste la seule pratique funéraire reconnue par le Vodun.

Ecouter ici Ambroise Tozo, Hounnon de la divinité Tron Kpéto Déka Agoka Awoudja Alafia sur la pratique de la crémation

Dans une interview accordée à Lameteo, Ambroise Tozo, Hounnon de la divinité Tron Kpéto Déka Agoka Awoudja Alafia, révèle les conséquences liées à la crémation pour un fidèle du Vodun.

LIRE AUSSI : Incinération au Bénin, une pratique funéraire qui divise : “ Prendre mon corps entier et le calciner ? ” (1/6)

Dans la religion endogène au Bénin, choisir de se faire incinérer après sa mort ou envoyer une dépouille mortelle au crématorium serait une désobéissance aux préceptes du Vodun. La seule et unique pratique funéraire reconnue et tolérée par les ancêtres ayant institué cette religion est l’inhumation. Hounnon Ambroise Tozo, dignitaire de Tron Kpéto Déka Agoka Awoudja Alafia à Abomey-Calavi, indique qu’« un fidèle qui choisit l’incinération à la fin de sa vie est contre les pratiques endogènes. Car le corps, dont l’âme est sortie, doit retourner à la terre. Nous croyons que nous sommes poussière et que nous devons redevenir poussière après notre mort ».

LIRE AUSSI : Pratique de l’incinération des corps au Bénin : “Le sort réservé à celui qui fait recours à cette pratique est le châtiment…” Imam Pio Mohamed (2/6)

Le guide religieux explique que dans la doctrine des religions endogènes, incinérer les restes humains peut avoir des conséquences sur la vie posthume du défunt et sur ses descendants.

« Après notre mort, nous continuons de servir nos enfants et nos proches que nous avons laissés sur cette terre. Si un fidèle choisit la crémation, il ne pourra plus répondre lorsque ses descendants auront besoin de son aide après sa mort. C’est l’influence négative de cette pratique funéraire », a-t-il clarifié.

La vie posthume selon le dignitaire

La poussière, cette finalité à laquelle doit s’attendre le corps de l’être humain et notamment celui d’un fidèle du Vodun, repose sur la doctrine de la vie après la mort prônée dans le Vodun. « La religion endogène fait croire que nos morts sont toujours vivants et sont avec nous jour et nuit. Nous croyons que nos morts ne sont pas réellement morts. C’est pour cette raison que nos ancêtres nous demandent de leur faire des offrandes et de leur donner à manger. Lorsque nous les invoquons et versons de l’alcool par terre, nous croyons qu’ils nous entendent et acceptent nos offrandes », a déclaré le dignitaire.

Cette croyance en la vie posthume justifie les cérémonies rituelles et de réjouissances qui interviennent après le décès d’un être humain dans une famille, qu’il s’agisse d’une disparition soudaine ou d’une mort survenue après que tout ait été accompli.

Djeska FALOUBIA & Philippe G. LOKONON


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