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René Avognon pour un meilleur Bénin [Chronique Roger Gbégnonvi]

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Le professeur certifié à la retraite, René Nicéphore Avognon, s’est éteint le 29 mars 2022. Les siens et ses amis lui ont rendu les hommages ultimes le 21 avril 2022. Ses amis, ce sont ses anciens élèves et ceux avec qui il a été un fervent militant de la société civile pour un meilleur Bénin. Car, lorsqu’on on n’a pas été son élève, on se surprend à penser que sa raison sociale de professeur d’histoire aura été pour lui un alibi pour s’engager résolument dans la voie de la défense des droits de l’homme au sein de la société civile. Ses camarades de combat, qu’il vient de quitter à 71 ans, en ont, en tout cas, la forte impression.

Il n’a eu de cesse de créer des clubs de défense des droits de l’homme partout où il le pouvait, notamment au Collège Père-Aupiais et au CEG Sainte-Rita. Et afin que passe plus facilement son message pour un meilleur Bénin côté respect des droits de l’homme, René faisait souvent appel à ses amis, dont Mgr Isidore de Souza, d’exquise mémoire, et Me Robert Dossou, dont nul n’ignore les mérites. Pour ne s’en tenir qu’à ces deux experts en humanité et humanisme, s’ils prêtaient volontiers main forte à leur jeune ami René, c’est qu’ils le savaient au service des autres, ils savaient qu’avec lui ce n’était pas du cinéma et qu’à travers lui, ils se mettaient au service des Béninois, pour un meilleur Bénin, comme au service de Victor Hugo pour « Une société meilleure / Pour des cœurs mieux épanouis ».

Ces deux vers de l’immense poète et écrivain auront servi de gouvernail á la vie de René, et ce, sans une once de m’as-tu-vu. Il en avait comme une sainte horreur. Et l’un de ses anciens élèves, qui a grandi et est devenu responsable lui aussi, a parlé juste quand il a dit de son maître admiré : « L’homme des droits de l’homme reste un soldat inconnu. » Alors même qu’il a été porte-parole d’Amnesty-Bénin. Alors même qu’il a terminé Président de Transparence et Intégrité au Bénin, sœur puînée de Transparency International-Bénin. Voilà pourtant des lieux depuis lesquels l’étalage de soi semble pouvoir aller bon train, des lieux depuis lesquels on peut faire retentir aisément « Les trompettes de la renommée », que Georges Brassens méprisait profondément, des lieux depuis lesquels on peut cultiver aisément « l’adoration de moi-même », que Pierre-Joseph Proudhon abhorrait et dont il entendait être délivré par l’ironie. A ces différents sommets où l’a hissé la société civile, René n’aurait fait que son devoir en respectant la devise sacro-sainte des mouvements associatifs, « faire et faire savoir ». Mais il semble que, discret et calme par nature, René ait eu une devise personnelle : « Plus c’est silencieux, mieux ça vaut et mieux ça porte. » De qui René tenait-il cette capacité à résister, comme Brassens et Proudhon, au collet-monté ? Sans doute de Celui en qui il avait mis sa Foi et son Espérance, Celui qui a dit : « Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite ». Soit tout le contraire du « … faire savoir ». René Nicéphore Avognon était donc christique. Christique et heureux. Heureux et grand.

Grand aux yeux des siens et de ses amis, au service avec lui d’un meilleur Bénin. Grand parce qu’au Bénin, « Dans notre petit atelier ! Le plus petit canton de l’univers ! » dirait Aimé Césaire, René a travaillé pour apporter au monde ce dont il a toujours besoin, « d’hommes mieux trempés que les autres, qui voient plus loin, montent plus haut et agissent plus audacieusement ». Voilà pourquoi, dans l’Ordre Sublime et Inamissible des Justes, René Nicéphore Avognon est modèle pour les Béninois en quête d’idéal. Idéal de service des autres. Sans tambour. Drapé d’humilité. De « sobriété », a dit un de ses parents.

Le mantra porté par René au seuil de l’Éternité promise à l’Âme est, bien entendu, « ad multos annos », c’est-à-dire, et de façon très opportune : puisse son souvenir vivre des années nombreuses afin de susciter de nombreuses vocations pour un meilleur Bénin.

Roger GBÉGNONVI

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