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Nonvitcha 2025 arrive : À Grand-Popo, les zémidjan entre fête, ruée… et pression [Reportage]

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À Grand-Popo, cité paisible aux plages infinies, l’ambiance est celle d’un calme suspendu, à la veille d’un raz-de-marée humain annoncé pour les 7 et 8 juin 2025. La 104e édition de la fête de Nonvitcha s’annonce haute en couleurs. Cette célébration, ciment de l’identité Xwla et Xwéda, attire chaque année des milliers de participants issus de tout le Bénin et de la diaspora. Un moment propice pour les Zemidjan, ces conducteurs de taxi-motos à la veste verte, qui voient dans l’effervescence une manne financière… mais non sans difficultés.

Le quartier général des Zemidjan de Grand-Popo ne paie pas de mine. Un hangar en béton, coiffé de tôles ondulées, orné des couleurs verte et blanche. Il est situé sur le bas-côté gauche de la Route Inter-États Cotonou-Lomé, à l’entrée de la ville. C’est de là que partent ces hommes pour sillonner les ruelles et raccourcis qui mènent aux différents lieux d’activités liés à la fête. Devant leur repaire, les engins sont alignés et les conducteurs, assis ou debout, scrutent l’horizon en quête de clients.

« Lors de Nonvitcha, les rôles s’inversent. Ce n’est plus nous qui attendons les clients, ce sont eux qui nous cherchent », sourit Jean, conducteur vétéran. Toutefois, ces jours ne sont pas synonymes de surmenage. « Nous prenons quelques passagers au début, mais la plupart d’entre nous fêtons aussi avec nos familles. »

Une manne convoitée par les « extérieurs »

Ce répit relatif cache cependant une réalité plus rude. Dans les jours précédant le week-end de la Pentecôte, la ruée vers Grand-Popo débute, et avec elle, une avalanche de conducteurs venus de Comè, Djanglanmey ou encore Sazoué. « Ils veulent aussi profiter de l’affluence. Nous devons nous battre pour garder notre part », confie Coffi, prêt à s’élancer sur les pistes sableuses de la ville.

Cette concurrence occasionne une redistribution des trajets et des revenus. Les Zemidjan de Grand-Popo, bien que familiers du terrain, doivent redoubler d’efforts pour préserver leur clientèle habituelle.

Distances allongées, carburant brûlé, tarifs majorés

Les festivités de Nonvitcha entraînent souvent la fermeture de plusieurs axes routiers, notamment autour de la place principale. Ce qui oblige les Zemidjan à rallonger leurs itinéraires. « Une course de 2,2 kilomètres qui prend normalement 3 minutes peut durer 10 minutes en pleine fête », explique un usager. Résultat : consommation accrue de carburant, fatigue accumulée, et hausse des tarifs.

« Actuellement, une course entre Ewe Condji et la place Nonvitcha coûte 200 FCFA. Pendant la fête, on demande 500 FCFA, mais si le client donne 400, on prend », confie un autre conducteur, résigné. La fluctuation du prix de l’essence, ajoutée à l’augmentation du nombre de trajets, complique la rentabilité de l’activité en cette période pourtant faste.

Au-delà de la course

Mais au-delà des enjeux économiques et logistiques, Nonvitcha reste un moment de communion, de retrouvailles et de célébration des valeurs ancestrales. La flamme centenaire, symbole d’unité, brillera encore cette année, ravivant dans les cœurs l’esprit de fraternité.

À l’instar du souffle divin de la Pentecôte, c’est tout un peuple qui se rassemble, dans un mélange de chants, de danses et de traditions. Et au cœur de cette effervescence, les Zemidjan, souvent discrets, jouent un rôle essentiel dans le ballet de la fête. Un rôle modeste mais vital, comme les rouages silencieux d’une grande mécanique identitaire.

Philippe G. LOKONON


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