Au Bénin, le Nouvel An revêt une signification particulière pour de nombreuses personnes, marqué par des rituels prescrits par le Fâ, une science endogène pratiquée dans la religion vodun. À quelques jours du changement d’année, c’est près d’Abomey, à 150 kilomètres au nord de Cotonou, que le village du vieux Bossou attire des hommes et des femmes venus de tous horizons pour des rituels de fin d’année.
Le Fâ, ce système divinatoire repose sur la consultation d’un ensemble de signes, généralement réalisés avec des coquillages ou des noix de palme, pour dévoiler des informations sur le passé, le présent et l’avenir au Bénin. Au cœur de cette tradition, le vieux monsieur aux cheveux blancs, expert dans la science du Fâ, reçoit près de 20 personnes chaque jour, partageant ses connaissances et facilitant les rituels pour ceux qui cherchent guidance et protection pour l’année à venir.
Lameteo a eu l’opportunité de s’entretenir avec lui, explorant les raisons derrière ces rituels annuels et dévoilant le mode d’emploi de ces pratiques profondément ancrées dans la culture béninoise.
Lameteo : Avez-vous des rituels que vous mettez à la disposition de vos clients pour une bonne année ?
Le vieux Bossou : Oui, nous avons des rituels que nous mettons à la disposition de nos fidèles et des clients pour préparer la nouvelle année. Comme la fin de l’année est proche on se demande quelles dispositions spirituelles prendre pour entamer la nouvelle année. Et les rituels qui vont avec ces dispositions sont de plusieurs ordres : nous avons le rituel du “Koudiyo” [pratique pour racheter une personne spirituellement de la mort, NDLR], celui pour éloigner le mal au cours de la nouvelle année, celui pour avoir l’argent, le bonheur et la prospérité dans la nouvelle année. Tout ceci nécessite des poudres, des tisanes et d’autres choses qu’on met ensemble. Il y a par exemple des savons qu’on fait aux gens et quand ils utilisent tout au long de l’année, ils ont la chance, des opportunités et gagnent beaucoup d’argent.
Quelles sont les périodes indiquées pour faire les rituels ?
Normalement c’est au début du mois de décembre qu’on fait une première consultation du Fâ. Elle indique ce à quoi l’on sera confronté et ce qu’il faut faire pour entrer dans la nouvelle année. On le fait très tôt. Ce n’est pas à la dernière minute qu’on court pour le faire. C’est en fonction de ce que révèle le Fâ qu’on fait les rituels.
Ensuite, il y a une deuxième période qui part de janvier à mars voire avril. C’est au moment où les premières pluies tombent dans l’année nouvelle qu’on consulte à nouveau le Fâ.
Les rituels ont-ils besoin de la présence de tous les membres de la famille pour les réaliser ?
Oui et non. Tout dépend de la nature du rituel. Certains nécessitent la présence de tous d’autres non. Et même dans le cas où le rituel demande la présence d’une personne, on peut utiliser des objets de la personne comme les vêtements par exemple.
Comment vos clients vous contactent ?
Si ce qu’on fait, on le fait bien et que ça marche les gens viendront toujours. Ceux à qu’on fait les rituels si ça marche pour eux et qu’ils trouvent satisfaction ils iront parler en bien auprès de leurs amis et eux aussi viendront tester. C’est du bouche-à-bouche.
Combien dépense-t-on en moyenne pour les rituels ?
Ça dépend de ce qu’on veut prendre chez moi. Si c’est le “Koudiyo”, ça a son prix. Si c’est pour faire appel aux bonnes ondes dans l’année, cela a aussi un prix. En un mot, ce que les gens dépensent est en fonction de ce qu’ils veulent. Il n’y a pas de prix standard.
