Une CEDEAO de la France, des chefs d’État à la solde, c’est honteux… Tout un champ lexical de soumission de la CEDEAO à une puissance étrangère réuni depuis quelques jours, après la prise de pouvoir d’un groupe de militaires putschistes à Niamey, la capitale du pays et les sanctions prononcées par l’institution régionale. Et pourtant, dans la situation de la crise au Niger, contrairement aux allégations circulées, il est impérieux de considérer les faits, la composition et le fonctionnement de cette organisation avant de sauter sur des conclusions hâtives.
Créée en 1975, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) regroupe actuellement 15 États membres, chacun avec ses propres intérêts et souveraineté. Elle n’est pas composée que de pays francophones, anciennement colonisés par la France. Des pays comme le Nigeria et le Ghana en sont membres. D’ailleurs, c’est le Nigeria qui en assure la présidence actuellement.
Cette diversité reflète la variété des besoins et des priorités au sein de la région, et les décisions prises au sein de l’organisation sont souvent le fruit de négociations et de compromis entre les pays membres.
L’une des prétentions les plus courantes aujourd’hui avec le coup d’Etat au Niger est que la CEDEAO serait assujettie aux intérêts de la France, ancienne puissance coloniale en Afrique de l’Ouest. Il convient de souligner que c’est infantiliser les pays que de penser que la France leur dicte ou impose ce qu’ils doivent faire.
Faut-il encore rappeler les prises de position des Etats-Unis d’Amérique ou de l’ONU soutenant les décisions de la CEDEAO au Niger ? Quelle est la logique qui voudrait que lorsque la France le fait, il faut absolument considérer que c’est elle qui oriente le jeu ? En vérité, il est essentiel de ne pas simplifier à outrance la complexité des dynamiques régionales et internationales.
Par ailleurs, l’autre aspect crucial à considérer est le fonctionnement interne de la CEDEAO. Les décisions majeures sont généralement prises par consensus, ce qui signifie que chaque État membre a une voix égale dans le processus décisionnel. Cette approche démocratique atteste de la volonté de la CEDEAO de servir les intérêts de tous ses membres et non de quelques puissances extérieures.
Des dirigeants visionnaires et une gouvernance solide, l’enjeu clé
Plutôt que de se concentrer sur des récits de tutelle extérieure, il est essentiel de se tourner vers la question fondamentale : comment pouvons-nous garantir que nos nations progressent sur la voie de la stabilité, du développement durable et de la prospérité partagée ? En effet, l’enjeu véritable qui mérite une attention sans équivoque est la nécessité d’avoir des pays bien gouvernés, dirigés par des leaders visionnaires et ambitieux. Le chemin vers la prospérité ne peut être pavé que par une gouvernance solide et des dirigeants qui ont une vision audacieuse pour l’avenir de la région.
Une gouvernance solide, basée sur l’État de droit, la transparence et la responsabilité, est le fondement même d’une société prospère. Les dirigeants doivent donc être non seulement responsables envers leurs citoyens, mais aussi ouverts aux idées novatrices et aux partenariats internationaux diversifiés qui peuvent contribuer au développement des Etats.