Quelques jours avant l’élection présidentielle de 2021 au Bénin, le dramaturge Béninois Ignace Yèchénou avait posté une vidéo en s’adressant à la candidate recalée, Reckya Madougou. Vidéo jugée sexiste par une certaine opinion donc des membres de la société civile, l’acteur culturel s’explique, rappelle des propos de Reckya Madougou et la qualifie de sexiste.
« Des propos sexistes, discriminatoires, dévalorisants et humiliants (sont) tenus à l’endroit de la candidate déclarée, Madame Reckya Madougou par différentes personnes dont des élus nationaux et acteurs culturels », avait déploré la plateforme électorale des Organisations de la société civile du Bénin dans un rapport à la veille du scrutin présidentiel d’avril dernier.
Interrogé vendredi 14 mai 2021, à Café Médias Plus sur la vidéo qu’il a postée et à laquelle fait allusion la plateforme électorale parlant d’acteurs culturels, Ignace Yèchénou a rejeté en bloc l’accusation. « L’artiste n’emprunte pas le même chemin de verbes que tout le monde. J’éjacule les mots qui me viennent parce que dans le mot éjaculation il y a le plaisir, il y a de la jouissance. Donc tous les mots que je profère, j’y trouve du bonheur….Sexiste? Je ne vois pas d’élan sexiste dans ce que j’ai écrit parce que je n’ai pas parlé de sexe », se défend l’invité Café Médias Plus. Et rappelle : « Reckya Madougou s’est présentée sur un podium. Elle a dit: “vous me voyez? Je suis fraîche, toute fraîche. Vous me voyez c’est moi Reckya ça, toute petite devant vous, toute fraîche et c’est moi qui leur fais peur.” C’est Reckya qui est sexiste », accuse le dramaturge Ignace Yèchénou.

L’homme, du haut de ses trente ans de carrière dans l’univers culturel habitué à une liberté de ton et de parole revient sur ses écrits objets de la polémique pour mieux l’expliquer. « Dans mon affaire, moi j’ai dit c’est fini le temps où l’on débarque de Lomé en redingote ou en robe pour prétendre prendre le pouvoir au Bénin. Nous avons fait l’expérience avec déjà quelqu’un et nous savons ce que ça nous a coûté. Avoir été ministre dans le gouvernement du gourou de Tchaourou n’est pas quelque chose d’emblématique pour qu’on revienne quelques années après et vouloir présider à notre destinée. Ma petite sœur chérie je ne vous conseille pas de prendre le chemin que vous prenez là. En fin de compte, il y a eu une petite chanson. La chanson, les gens aussi l’ont interprétée mais moi je m’en fous. C’est une chansonnette pour enfant. Au Togo, c’est bien connu.. “Bossaka”, les gens ont transformé en “sakagbo”. Or comme on venait du Togo et que nous sommes le même peuple j’ai voulu faire cette passerelle avec la chanson », a détaillé l’invité. « Moi j’ai trouvé que cette œuvre est une œuvre prophétique parce que deux semaines ou trois semaines après elle a été arrêtée. Elle est toujours en prison jusqu’à ce jour. Ce n’est pas moi qui l’ai mise en prison. C’est l’arsenal juridique de notre pays. Ça veut dire qu’il y a quand même du bien dans ce que je dis à mon humble avis», a-t-il commenté.
Par ailleurs, le dramaturge Ignace Yèchénou pense qu’un artiste ne doit pas rester indifférent à la gestion politique de son milieu. Il est d’abord citoyen et à ce titre, doit s’intéresser à tout ce qui se fait autour de lui dans la cité: «Nous appartenons à une même culture on pense que les sujets sérieux n’interpellent pas l’artiste. les sujets sérieux interpellent l’artiste. Si un footballeur est devenu Président de la république du Libéria un artiste peut devenir président de la République ».