La Cour suprême américaine a rendu publique, le vendredi 24 juin dernier, sa décision de révoquer la loi sur l’avortement de 1973. Fustigeant cette décision qu’elle juge régressive, le PMNCH, évoque dans un communiqué les conséquences désastreuses qui pourraient en découler et appelle toute la communauté internationale à se mobiliser contre ce recul historique sur le droit à l’avortement.
La plus grande alliance mondiale pour la santé et le bien-être des femmes, des enfants et des adolescents n’apprécie pas du tout la décision de la cour suprême américaine d’annuler le droit à l’avortement adopté depuis 50 ans par les Etats-Unis. Elle l’a fait savoir dans un communiqué de presse publié ce samedi 25 juin où elle a porté un regard critique sur les conséquences désastreuses que pourrait engendrer une telle annulation. L’alliance a, par la même occasion, invité la communauté internationale et tous les dirigeants du monde à faire front contre ce recul nuisible à la santé de reproduction de la femme et des adolescentes. Lire ici le communiqué du PMNCH.
L’annulation du droit à l’avortement par la Cour suprême américaine a des conséquences désastreuses sur les femmes et les filles aux États-Unis et dans le monde entier.
PMNCH, la plus grande alliance mondiale de défense de la santé et des droits des femmes, des enfants et des adolescents, a rendu public un communiqué de presse suite à la décision de la Cour suprême des États-Unis d’annuler son arrêt historique de 1973 sur le droit à l’avortement, Roe vs Wade.
« Par une décision malencontreuse, la Cour suprême des États-Unis a mis fin à près de 50 ans de protection du droit à l’avortement pour les femmes et les jeunes filles aux États-Unis, et a ouvert la voie à un recul mondial sans précédent en matière de droits sexuels et reproductifs.
La décision prise rend aussitôt illégale la pratique de l’avortement dans au moins 22 Etats. Les femmes et les jeunes filles sont désormais en infraction avec la loi si elles cherchent à réaliser un avortement dans ces États. La criminalisation de l’avortement ne fait pas disparaître les pratiques d’avortement – elle empêche simplement l’accès à des avortements sécurisés, laissant de nombreuses personnes vulnérables et plongeant la santé et les droits sexuels et reproductifs des femmes et des filles américaines dans la tourmente.
Les femmes issues des communautés pauvres et marginalisées feront les frais de cette abrogation, et cette situation comporte une dimension raciale importante. Nous savons déjà que les femmes noires, quel que soit leur niveau d’éducation aux États-Unis, sont les premières à souffrir des politiques restrictives en matière d’avortement, liées à un accès limité aux soins et à un risque élevé de naissances non désirées chez les adolescentes.
Les effets de cette abrogation vont s’étendre bien au-delà des frontières américaines. Comme on le dit souvent, quand l’Amérique éternue, le monde s’enrhume. En raison de cette abrogation, les experts prévoient une baisse des financements bilatéraux et multilatéraux américains, diminuant ainsi la capacité des États-Unis à aider les millions de personnes dans le monde qui ont besoin des services de planification familiale et d’avortement.
Cette décision américaine va conférer une fausse légitimité à ceux qui, au plan mondial, cherchent à restreindre les droits des femmes, et elle risque aussi d’encourager certains pays à voter des lois régressives et restrictives en matière d’avortement. Cette décision aura des répercussions considérables, surtout à un moment où de nombreuses personnes dans le monde sont en déplacement en raison des conflits et d’autres catastrophes.
Les adolescentes sont les plus vulnérables. Vu leur âge, elles pourraient avoir du mal à payer pour bénéficier de soins sécuritaires, ou elles vont devoir parcourir de longues distances, ce qui pourrait dangereusement limiter l’accès à l’avortement. Ces aspects, en plus d’une crainte de stigmatisation et un sentiment de honte, peuvent les inciter à recourir à des méthodes non sécuritaires. Chaque année, on dénombre quelque 3,9 millions d’avortements à risque chez les filles âgées de 15 à 19 ans, ce qui contribue à la mortalité et à la morbidité des femmes et à des problèmes de santé chroniques.
Le PMNCH lance un appel à l’endroit des dirigeants de la communauté internationale, afin qu’ils protègent fermement les droits sexuels et de santé reproductive des femmes et des filles. Les dirigeants du G7 qui se réunissent en Allemagne cette année militent en faveur de mesures visant à lutter contre la violence sexuelle et reliée au genre. Le sommet du G7, qui se tiendra l’année prochaine sous le parrainage du Japon, représente une occasion cruciale d’inscrire ces questions à l’ordre du jour d’un programme élargi en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs et de couverture sanitaire universelle.
Les engagements doivent être soutenus par des cadres juridiques fondés sur les droits, qui favorisent des politiques progressistes en matière d’avortement et de santé et de droits sexuels et reproductifs. Les femmes doivent jouer un rôle clé dans les discussions et l’élaboration des politiques, en réclamant une justice reproductive indispensable qui reconnaisse le droit des femmes et des filles à choisir et à être autonomes dans leur propre corps. Cela nécessite un changement de paradigme qui place les droits des femmes et des filles au cœur des politiques et des plans de développement nationaux.
Helen Clark, présidente du conseil d’administration de PMNCH, et ancienne première ministre de la Nouvelle-Zélande.