Après des mois de procédures administratives, le parti politique « Le Libéral » a obtenu son récépissé provisoire de constitution. Mais cette avancée est entachée par de graves accusations de corruption révélées par le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, qui a ordonné l’interpellation de deux cadres de son ministère et du principal responsable du parti en création.
Le jeudi 15 mai 2025, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique a pris la parole pour faire le point sur le processus de reconnaissance administrative du parti politique « Le Libéral », en abrégé LLB. Dans une déclaration officielle, il a retracé les différentes étapes ayant conduit à la délivrance du récépissé provisoire du parti, avant de révéler une affaire de corruption présumée impliquant deux agents de son ministère.
« Le dossier de déclaration administrative de constitution du parti politique Le Libéral a été soumis le 2 août 2024 et a connu plusieurs retours pour insuffisances », a expliqué le ministre. En effet, trois versions du dossier ont été successivement déposées les 25 octobre 2024, 7 janvier 2025 et enfin le 14 avril 2025, à la suite de l’assemblée générale constitutive du parti tenue à Abomey-Calavi.
Le ministre souligne que cette dernière version ne souffrait d’aucune irrégularité. « Il a été délivré le 28 avril 2025 aux responsables dudit parti politique, le récépissé provisoire n°079/MISP/DC/SGM/DPPAE/SPP/SA en date du 25 avril 2025 », a-t-il précisé.
Cependant, une ombre importante plane désormais sur ce processus. Le ministre a révélé avoir été informé « de sources dignes de foi, des faits de corruption avérés mettant en cause deux cadres du ministère », dont l’un travaille à la Direction des Affaires intérieures et des Cultes et l’autre à la Direction des Partis politiques et des Affaires électorales.
« Le cadre en service à la Direction des Affaires intérieures et des Cultes aurait approché le principal responsable du parti en création pour lui proposer des facilitations contre rémunération », a déclaré le ministre. Ce dernier aurait accepté la proposition, et le fonctionnaire aurait ensuite sollicité un collègue pour faire avancer le dossier en échange d’une promesse de rétribution. Les deux agents impliqués auraient ainsi perçu « d’importantes sommes d’argent ».
Face à la gravité des faits, le ministre n’a pas tardé à réagir. « J’ai diligemment instruit le Directeur général de la Police républicaine de faire interpeler les intéressés ainsi que le présumé corrupteur », a-t-il annoncé. Parallèlement, il a suspendu les deux cadres de leurs fonctions « sans préjudices des poursuites judiciaires qui en découleront ».
Cette affaire met en lumière les dérives possibles dans les processus de reconnaissance des partis politiques au Bénin. Elle intervient dans un contexte où le respect de la loi n°2018-23 du 17 septembre 2018, modifiée par la loi n°2019-41 du 15 novembre 2019 sur la charte des partis politiques, est plus que jamais scruté.
Pour rappel, la délivrance du récépissé provisoire est une étape essentielle avant l’enregistrement définitif d’un parti politique. À l’heure actuelle, « Le Libéral » doit encore attendre l’aboutissement de cette dernière phase.