Membre de la Chambre des libertés et de la détention de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET), nommé en 2019 au Tribunal de première instance d’Abomey-Calavi, le magistrat Essowé Batamoussi, désormais en France, démissionne et dénonce l’ingérence du Pouvoir dans les dossiers de la justice.
« Le juge que je suis n’est pas indépendant comme cela se devait d’être. Toutes les décisions que nous avons été amenées à prendre, l’ont été sous pression. Je citerai la dernière celle qui a vu le placement de dame Reckya Madougou en détention », a confié le juge démissionnaire ce lundi 5 avril 2021 au micro de RFI.
Pour le juge démissionnaire de la CRIET, le dossier d’inculpation de Reckya Madougou est vide: « Dans ce dossier, nous avons été sollicités par la chancellerie car le dossier ne comportait aucun élément qui pouvait nous décider à mettre en détention.» Et il poursuit : « Ce n’était pas la première fois, il y a pas mal de dossiers où nous avons reçu les instructions de la chancellerie.»
Pour rappel, opposante au pouvoir du président Patrice Talon, la candidate recalée à la prochaine présidentielle, Reckya Madougou a été placée en détention provisoire par la CRIET et déposée à la prison civile de Misserété. La justice lui reproche d’être mêlée à des faits de financement de terrorisme.