Au Bénin, un fossé statistique entre hommes et femmes inquiète les responsables du sous-secteur des enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle.
Dans le sous-secteur béninois des enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle, les femmes enseignantes sont nettement sous-représentées. Selon les données officielles du ministère (MESTFP), elles ne constituent qu’environ 14,98 % de l’effectif total, toutes catégories confondues, contre 85,02 % d’hommes. Une inégalité qui alarme les autorités en charge de la promotion du genre et qui relance le débat sur la parité dans le système éducatif.
C’est au Collège d’Enseignement Général (CEG) de Tankpè, dans la commune d’Abomey-Calavi, à l’occasion de la célébration en différé de la Journée internationale des droits des femmes, que Volonté Lanignan, cheffe de la division genre au sein du MESTFP, a tiré la sonnette d’alarme. Lors de sa communication du mercredi 7 mai 2025, elle a présenté les statistiques révélatrices d’un déséquilibre préoccupant.
Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes
D’après les statistiques fournies, le personnel enseignant permanent de l’État compte 529 hommes contre seulement 37 femmes. Chez les Agents Contractuels de l’État (ACE), on dénombre 6 525 hommes contre 906 femmes. La tendance se maintient également chez les Aspirants au Métier d’Enseignant (AME), avec 38 356 hommes contre 5 856 femmes.
Pour Mme Lanignan, cette disparité flagrante est un « mal profond » pour un secteur où l’on attend des femmes qu’elles jouent un rôle essentiel dans la formation des générations futures. « L’éducation, c’est la femme, dit-on souvent. Mais regardez comment les hommes nous ravivent la vedette », a-t-elle déploré, insistant sur le fait que l’écart est si grand qu’« à la limite, les hommes nous englobent ».
Appel à une mobilisation féminine
Face à cette situation, la responsable du genre a appelé ses consœurs à un sursaut collectif et à des actions coordonnées pour inverser la tendance. « Personne ne viendra faire notre lit », a-t-elle martelé, invitant les femmes à s’unir pour renforcer leur position dans le secteur de l’éducation. « Partout où il est question de finances, les hommes nous damnent le pion. Si nous voulons que les choses changent, nous avons l’obligation de nous unir », a-t-elle insisté.
Une politique de discrimination positive
Pour réduire cet écart, le gouvernement béninois a introduit des mesures de discrimination positive en faveur des femmes. Sur plusieurs appels à candidature, il est courant de voir des mentions telles que : « les candidatures féminines sont vivement souhaitées ». Une stratégie qui vise à rétablir progressivement l’équilibre entre les sexes dans les secteurs professionnels clés, y compris l’éducation.
Mais pour Mme Lanignan, ces efforts ne suffisent pas s’ils ne sont pas accompagnés d’une prise en main des femmes elles-mêmes. Car, selon elle, les enjeux sont clairs : il en va non seulement de l’équité professionnelle, mais aussi du rôle structurant que les femmes doivent continuer à jouer dans la formation des jeunes générations.