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« Consommons local »: le “made in Bénin” creuse son sillon

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Fini la farine de blé dénaturée, transformée, avec conservateurs chimiques et additifs. Louise Minakpon, 44 ans, opte désormais pour des produits 100% locaux pour approvisionner sa pâtisserie. Ce matin c’est à des dizaines de kilomètres de sa maison, dans la société les Moulins d’or Afrique (MOA) qu’elle s’approvisionne en farine de blé. L’unité qui trône dans la Zone franche industrielle de Sèmè-Podji, livre du blé Made in Bénin. En 10 minutes, Louise a fait son achat; elle reviendra le mois prochain.

Ce geste est devenu, au fil du temps, une habitude. Dans les grandes surfaces de Cotonou lorsqu’elle fait ses courses, elle vérifie systématiquement où sont produits les biens qu’elle s’apprête à acheter. Un coup d’œil sur l’étiquette, pour identifier la provenance et la composition des produits. Louise a fait le même choix pour l’équipement et la décoration de sa pâtisserie. « Une fois, un client en entrant à la pâtisserie s’est exclamé : on dirait une maison de blanc vivant en Afrique, parce que mon aménagement intérieur est fait de meubles et d’objets locaux ». Une réflexion qui selon elle révèle l’image que se font beaucoup de Béninois et d’africains sur le concept du « Consommer Local ». « Si nous, béninois, ne consommons pas notre propre production et ne soutenons pas nos commerçants, qui le fera ? » s’interroge-t-elle.

Consommer local pour un meilleur lien social.

Si Louise privilégie ces produits locaux, c’est aussi pour le réseau de circuit court qui met en relation producteurs locaux et consommateurs. Ici, les questions de confiance et de rapprochement social sont souvent évoquées. Selon le Professeur Francis Akindès, sociologue, les marchés locaux sont un espace de lien social. « Le consommateur sur le marché local, arrive à certifier la qualité du produit qu’il achète par la qualité de ses échanges avec le vendeur » explique-t-il. Lorsque naît la relation producteur-vendeur-consommateur, il devient alors possible de discuter des techniques de production, de la qualité du produit et faire plus facilement part de votre ressenti suite à sa consommation. Ce qui est plus difficile quand le producteur se trouve à l’autre bout du monde et qu’il ne se soucie pas d’un retour suite à l’usage de son produit.

Farine de blé made in Bénin, octobre 2022

C’est un principe qui, pour Daniel Boko, artisan entrepreneur, renvoie également à la théorie du patriotisme économique. Cette théorie préconise : que même si le produit est cher, il faut l’acheter pour le mérite que cela est local. « En le consommant, vous créez de l’emploi et augmentez les affaires pour un Béninois ».

La tendance du made in Bénin 

Au Bénin, depuis quelques années, de nombreuses initiatives émergent pour promouvoir le consommer local et la prise de conscience des différents acteurs est palpable. Herbes aromatiques conditionnées pour un usage facile, liqueurs fabriquées à partir de vin de palme, jus de fruits bio, ou encore des meubles 100% MADE in Bénin; tous ces produits rencontrent leur public. Dans le domaine du textile, les usines installées dans la Zone Economique spéciale de Glo-Djigbé Zè (GDIZ) devraient permettre d’augmenter la part de la fibre de coton transformée de 1% à 12,7% par an. Les premiers vêtements ‘’made in Bénin’’ fabriqués à base du coton 100% sortent déjà des unités de production textile de la GDIZ. Tous ces résultats suscitent un réel espoir : réduire la dépendance et structurer des systèmes durables et inclusifs des communautés. D’après le bulletin trimestriel des statistiques du commerce publié par l’Institut national de la statistique et de la démographie (Instad), les importations sont en baisse par rapport au trimestre précédent. Au deuxième trimestre 2022, elles sont évaluées à 495,3 milliards de FCFA, contre 505,2 milliards de FCFA un trimestre plus tôt, soit une régression de 1,9%.

Unité de production textile GDIZ

Une régression qui est la conséquence de l’inflation grandissante. Le Bénin, déjà affecté par la crise du Covid-19, a dû faire face aux retombés du conflit ukrainien, qui ont exacerbé les problématiques de dépendance alimentaire et de certains produits manufacturés. Ainsi, pour tenter de préserver ses ressources et limiter l’inflation le pays a pris certaines mesures, entre exonération de taxes sur des produits locaux et création de nouvelles chaînes de production et de distribution.

Célébrer le made in Bénin 

S’il y a un avantage que procure le fait de consommer des produits locaux, c’est de favoriser l’augmentation de la production des biens et des services. Les consommateurs pérenisent la demande, ce qui accroît l’offre. De ce fait, de nouveaux emplois sont créés pour produire plus. La forte consommation favorise donc un cercle vertueux de croissance.

chemise made in Bénin sortie de la Zone Economique spéciale de Glo-Djigbé Zè (GDIZ)

Depuis 2020, le Bénin célèbre « le Mois du Consommons Local ». Une initiative du Ministère de l’Industrie et du commerce, sur recommandation de l’UEMOA, qui vise la promotion des produits locaux, la promotion du secteur privé régional ainsi que l’intensification des échanges intracommunautaires. À l’occasion, un «dialogue public-privé » est instauré afin d’établir des mesures incitatives qui permettraient de favoriser la consommation nationale. Plusieurs pistes sont étudiées, comme la promotion du développement de la transformation des produits locaux avec une industrie à échelle locale elle aussi, ou encore l’adaptation de la fiscalité. Pour sa troisième édition, les discussions s’articulent autour des produits de l’élevage et de la pêche.


Si les produits faits pays circulent dans les commerces, le Mois du consommons local les met encore plus en lumière et contribue à relever le défi de l’évolution des habitudes.

Dorcas GANMAGBA

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