Aux lendemains d’un colloque scientifique organisé pour analyser les enjeux du code électoral récemment adopté, l’Église catholique romaine au Bénin a essuyé plusieurs critiques, notamment sur le mode de désignation des participants à ce rendez-vous scientifique. Dans une interview exclusive accordée à Lameteo, le Père Rodrigue Gbédjinou rejette ces accusations et clarifie la position de l’église.
Reçu sur l’émission FOCUS de la télévision nationale le 26 avril dernier, le porte-parole du gouvernement béninois, Wilfried Léandre Houngbédji, a critiqué la démarche utilisée par le clergé catholique dans son rôle de médiation entre les différentes parties au sujet du code électoral récemment révisé. Il a jugé le colloque scientifique organisé le 25 avril dernier par les ecclésiastiques peu orthodoxe. Car selon lui, l’église catholique aurait pu associer “le président de la commission des lois à l’Assemblée nationale” pour venir justifier le bien-fondé de cette législation. Des accusations auxquelles le Père Rodrigue Gbédjinou, directeur de l’École d’initiation théologique et pastorale (EITP), a répondu lors d’une interview exclusive accordée à Lameteo.
Réponses
Le théologien conteste les accusations selon lesquelles l’église catholique aurait pu associer la commission des lois à son colloque, soutenant que les membres de la commission des lois pourraient interpréter les textes de manière politique plutôt que scientifique. Une analyse qui ne répondrait pas à la démarche de compréhension scientifique prônée par l’église lors du colloque. « Dès lors que vous invitez quelqu’un de la commission des lois, qui est majoritairement peut-être liée, je ne sais pas, à la mouvance ou à l’opposition, leur lecture sera toujours politique. Or, on dit, nous allons étudier la chose en dehors de toutes passions politiques », a souligné le Père Gbédjinou.
« Imaginez que si on donnait la parole, je ne sais pas quelle est la couleur de ceux qui sont dans la commission des lois et ils ne peuvent pas nous dire qu’ils viendront faire une lecture scientifique. Ils viendront faire une lecture politique. Mais l’autre camp qui ne serait pas du parti de ceux-là, comment l’autre camp prendra ça ? Que l’église a pris position pour ou contre ? C’est pour cela que les organisateurs du colloque ont fait l’effort d’inviter des hommes et des femmes de sciences pour leurs compétences. », s’est-il justifié.
Le directeur de l’EITP a fait savoir qu’en dépit de ce facteur qui a caractérisé l’esprit du colloque, tous les différents acteurs politiques ont quand même été invités à ce rendez-vous du savoir indépendamment de leur affiliation politique, car l’église cherche à amener ses “fils” qui ne s’entendent pas à un “consensus”, tout comme l’église elle-même qui actuellement s’est engagée dans des réformes structurelles importantes.
Par ailleurs, le Père Gbédjinou appelle toutes les parties à la préservation du vivre-ensemble. « Évitons toutes formes d’exclusion, de pratiques ou de théories dans les textes ou les manuels défendus. C’est tout ce qu’on dit. », a-t-il conclu.