La commission chargée de l’élaboration du cadre juridique de la chefferie traditionnelle au Bénin a clarifié la question du statut des anciens chefs de canton. Selon le professeur Bienvenu Akoha, président de la commission, ces figures historiques, nommées par l’administration coloniale, n’ont jamais été des rois et ne doivent pas être reconnues comme tels aujourd’hui.
Depuis plusieurs mois, le débat sur la reconnaissance officielle des rois et chefs traditionnels agite l’opinion publique béninoise. En réponse, la commission en charge de l’élaboration du cadre juridique de la chefferie traditionnelle a livré ses conclusions. Lors d’une conférence de presse tenue à Cotonou le 25 avril 2025, son président, le professeur Bienvenu Akoha, est revenu en détail sur les raisons pour lesquelles les anciens chefs de canton ne peuvent être considérés comme des rois.
« Nous avons travaillé deux ans, sinon presque trois ans », a précisé le professeur Akoha, expliquant la méthodologie rigoureuse adoptée par la commission. Des sous-commissions ont été déployées dans tous les départements du pays, avec pour mission de retracer l’histoire réelle des royaumes et chefferies existants avant et pendant la colonisation.
Selon les explications du professeur, les chefs de canton furent en réalité des agents administratifs nommés par l’autorité coloniale à partir de 1894, lors de l’installation du régime français au Dahomey. Leur rôle n’était pas d’exercer un pouvoir monarchique, mais bien d’assurer des fonctions spécifiques pour le compte du colonisateur : la collecte d’impôts, le recrutement de travailleurs pour les travaux forcés et l’enrôlement militaire.
La commission a ainsi recensé plus de 150 chefs cantons à travers le territoire, en se fondant sur les recherches dans les archives nationales. « Ces chefs cantons rendaient directement compte aux gouverneurs coloniaux », rappelle le professeur Akoha, soulignant qu’il s’agissait de postes administratifs rémunérés par l’État colonial.
Avec l’indépendance, plusieurs chefs de canton ont continué à se faire passer pour des rois, profitant du vide juridique et de la confusion dans certaines régions. Pourtant, juridiquement, leur statut ne correspond ni à une lignée royale traditionnelle ni à une autorité coutumière préexistante à la colonisation.
« Même en tant qu’administrateurs associés aux colonies, ils n’étaient pas des rois. Dès lors, la commission n’a pas jugé utile de les consulter pour la mission qui lui a été confiée », insiste le président de la commission, qui déplore les critiques adressées à son équipe.