Alors que Carême chrétien et Ramadan musulman imposent recueillement et purification, une autre réalité s’invite dans la pratique religieuse : celle des réseaux sociaux et de leurs contenus parfois immoraux. Au Bénin, comment les fidèles d’Abomey-Calavi et de Cotonou gèrent-ils cette influence numérique ? Entre piété et tentation numérique, chrétiens et musulmans à l’épreuve des contenus obscènes.
En période de Carême et de Ramadan, la spiritualité est au cœur des préoccupations des fidèles catholiques et musulmans. Prière, jeûne et purification rythment ces semaines de recueillement. Pourtant, dans un monde hyperconnecté, un ennemi silencieux s’immisce dans leur quête de pureté : les réseaux sociaux et leurs contenus parfois immoraux. À Abomey-Calavi et Cotonou, des croyants confient à Lameteo leurs stratégies pour résister aux tentations du numérique et préserver leur foi.
Facebook, TikTok, WhatsApp, Telegram… À l’ère du digital, ces plateformes façonnent notre quotidien. Mais pour les fidèles catholiques et musulmans, elles représentent aussi un défi majeur. Algorithmes suggestifs, vidéos suggestives, images provocantes : autant de pièges qui peuvent détourner des préceptes religieux.
Depuis début mars 2025, alors que Carême et Ramadan battent leur plein, les croyants multiplient les efforts pour maintenir leur pureté spirituelle. À Abomey-Calavi et Cotonou, plusieurs d’entre eux ont partagé leurs astuces pour échapper à l’emprise des contenus inappropriés.
Catholiques : prier, jeûner… et censurer
L’Église catholique encourage ses fidèles à se recentrer sur l’essentiel, en limitant distractions et influences négatives. Parmi eux, Fontenelle, 24 ans, a trouvé comme parade, le filtrage de contenu. « Je bloque toute publication obscène : vidéos, images, visuels… C’est ainsi que je vis mon Carême en restant sur les réseaux sociaux », confie-t-elle.
D’autres, comme Wenceslas, la trentaine, adoptent une approche plus radicale : réduire leur temps d’écran. « Pendant le jeûne, j’essaie de me connecter le moins possible. Mais c’est devenu un réflexe d’aller sur mon téléphone dès que j’ai un moment libre », avoue-t-il.
Une autre stratégie repose sur la maîtrise des algorithmes. Kakpo, catholique de Cotonou, a compris comment dompter TikTok : « L’application propose du contenu en fonction de ce que vous regardez. Si vous consommez des vidéos de danse, c’est ce que vous verrez. Moi, je n’ai jamais cherché d’images obscènes, donc mon fil d’actualité m’en propose très peu. »
Musulmans : « Scroller vite et passer à autre chose »
Dans l’Islam, la discipline spirituelle du Ramadan impose une vigilance accrue face aux tentations. Samouwil, musulman pratiquant, mise sur le détachement : « Nous sommes tous humains. Voir une fille en tenue légère attire forcément le regard. Mais en période de jeûne, il faut savoir résister : il suffit de scroller rapidement et de passer à autre chose. »
Chékinath, étudiante à l’Université d’Abomey-Calavi, parle de force mentale et spirituelle : « Il faut vraiment être fort pour ne pas succomber aux tentations des réseaux sociaux. »
L’Imam Abdoul Latif, de la mosquée Asafwa à Fidjrossè, rappelle l’enseignement du Prophète : le premier regard accidentel est excusable, mais l’insistance devient un péché. « Si vous tombez par hasard sur des images inappropriées, détournez rapidement le regard. L’idéal est même de s’éloigner des réseaux sociaux durant le Ramadan pour préserver la qualité du jeûne », conseille-t-il.
Un combat au-delà des périodes de jeûne
Carême et Ramadan sont des temps forts de purification et de renforcement de la foi. Mais la lutte contre l’influence des contenus immoraux ne s’arrête pas à ces moments sacrés. Elle s’inscrit dans une quête plus large de vertu et de maîtrise de soi.
À l’heure où les réseaux sociaux façonnent nos habitudes, croyants et non-croyants doivent choisir entre se laisser influencer ou prendre le contrôle. En somme, la foi n’est pas seulement une question de prière : elle est aussi une discipline numérique.