« Si vous êtes journaliste tout court, vous n’avez pas d’avenir », a indiqué Franck Kpotchémè, président de l’Union des professionnels des média du Bénin (UPMB) le jeudi 30 novembre 2017, lors d’un atelier de validation du projet de spécialisation des professionnels des médias du Bénin, tenu à Bohicon. Après diagnostic, les hommes des médias entendent désormais indiquer au gouvernement et aux écoles de formations, les medicaments dont ils ont besoin pour vivre et leurs posologies.
Difficile, pour les professionnels des médias du Bénin, de se retrouver dans l’offre pléthorique d’après-lience en journalisme afin d’être en phase avec les nouvelles exigences professionnelles. Ils ont donc décidé d’étudier et de valider en atelier un projet de plan de spécialisation porté par l’Upmb. Des différents domaines de spécialisation en passant par l’intitulé des cours jusqu’aux quotas horaires affectés à chaque niveau de master et de formation certifiante, tout a été pris en compte par les professionnels. Selon le Président de l’Upmb, la synthèse des réflexions sorties de l’atelier sera la feuille de route des associations faîtières à soumettre au gouvernement qui se chargera à son tour de son application.
Avantages.
« Quand on devient spécialiste, on prend en otage toutes les opportunités liées au domaine de la spécialisation », soutient Gérard Guedegbe, journaliste qui partage ainsi son expérience en tant que spécialiste en éducation. « Pour assurer la concurrence, il faut aller à la spécialisation. C’est une question de survie », tranche Franck Kpotchémè car « n’importe qui aujourd’hui peut donner l’information généraliste qui n’est donc plus la chasse-gardée des journalistes ».
« Lorsque vous êtes spécialistés, vous parlez le même langage que votre public cible », conclut Franck Kinninvo, promoteur de Le Municipal, un organe de presse spécialisé dans les questions de décentralisation.
À noter que les journalistes seront soutenus dans la spécialisation par la mise à disposition de bourses de formation en master et en formation certifiante par l’Upmb.
Les inquiétudes des patrons de presse
Même si le projet de spécialisation a reçu l’approbation de Basile Tchibozo, président du Conseil National de la Presse et de l’Audiovisuel (Cnpa), il expose des inquiétudes au nom de ses pairs. « Les journalistes spécialisés deviennent des esperts internationaux, c’est bien mais qu’est-ce qu’ils apportent à leurs rédactions? », s’interroge le Président du Cnpa. Il rappelle : « Lorsque vous envoyez les journalistes en formation, ils ne reviennent plus servir la rédaction ou s’ils reviennent, ils veulent qu’on double leur salaire donc il faut que nous nous entendons dès maintenant ». « Ne nous demandez pas de sacrifier une page de publicité de la Sbee qui va faire vivre le journal au profit d’un article de presse d’un journaliste spécialiste », conclut- il.
Prenant en compte la justesse de ses remarques, l’un des participants à l’atelier a rassuré Basile Tchibozo en comparant un organe de presse à un hôpital qui regorge plusieurs spécialités qui contribuent à la viabilité de l’entreprise.
Venance Tonongbé