Lors d’une cérémonie de vœux de Nouvel An avec d’anciens cadres du Parti du Renouveau Démocratique (PRD), Adrien Houngbédji a appelé à la libération des prisonniers politiques et au retour des exilés. Quelques jours plus tard, le gouvernement a réagi par la voix de son porte-parole, rappelant le rôle de l’ancien président du PRD dans les réformes politiques engagées sous le régime de Patrice Talon.
“Nous devons rester toujours rassemblés pour construire ensemble le pays. Donc ma conviction forte, c’est que les prisonniers politiques, il faut les sortir. Ma conviction forte, c’est que ceux qui sont en exil, il faut qu’ils reviennent. C’est comme ça que nous avions fait la Conférence nationale (…) J’en appelle de mes vœux à ce que nous nous rétrouvions sous l’arbre à palabre, que nous mettions tout sur table”. Ces propos sont ceux d’Adrien Houngbédji, tenus lors de la cérémonie de vœux du nouvel An des barons de l’ancien PRD, le week-end du 1er et 2 février 2025.
L’ancien président de l’Assemblée nationale a ainsi plaidé pour une réconciliation nationale, s’inspirant du modèle de la Conférence nationale de 1990. Cette prise de position, inhabituelle de la part d’un homme politique ayant soutenu les réformes du régime en place, a soulevé des interrogations quant à ses intentions et aux enjeux politiques qu’elle soulève.
Rappel et mise au point
Interrogé sur ces déclarations, le porte-parole du gouvernement a réagi le mercredi 5 février 2025 en mettant en perspective le rôle joué par Adrien Houngbédji dans la réforme du système partisan. « C’est lui qui, parmi les tous premiers, au sein de la classe politique béninoise, avait fait le diagnostic et osé publiquement affirmer la nécessité de faire des réformes d’envergure, notamment au plan de la vie partisane (…) C’est encore lui qui avait fait le constat de ce que le Bénin que le président Patrice Talon a hérité était un Bénin fragmenté, descendu de son piédestal (…) pour lequel il fallait un État fort afin d’engager les réformes et les actions nécessaires à sa réhabilitation. »
Toutefois, le porte-parole a admis que les réformes sous l’actuel gouvernement avaient parfois suscité des « mélancolies » chez certains acteurs politiques, citant la maxime de La Rochefoucauld : “Même les changements les plus souhaités ont leur mélancolie.” Il a insisté sur le fait que ces changements, bien que parfois controversés, ne remettaient pas en cause la nécessité de poursuivre la transformation du pays.
Wilfried Léandre Houngbédji a exprimé son étonnement sur le timing de ces déclarations, notamment au regard des progrès réalisés par le Bénin sous la gouverrnance Talon. « Au regard de l’ampleur, de la transformation positive que connaît notre pays aujourd’hui, on peut s’interroger sur le timing, sur les objectifs d’une telle réaction », a-t-il souligné.
Pour le porte-parole du gouvernement, ces échanges sont une preuve de la vitalité démocratique du Bénin, où, même au sein de la mouvance, chacun peut exprimer son point de vue, à condition que cela soit justifié et pris dans son contexte.