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Au CEP 2025 au Bénin, à 49 ans, il brave les préjugés pour tenter son premier diplôme : portrait d’un candidat à Godomey

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Alors que plus de 271 000 candidats sont attendus du 2 au 4 juin 2025 pour l’examen du Certificat d’Études Primaires (CEP) au Bénin, l’un d’eux se démarque par son âge. Âgé de 49 ans, ce couturier de Godomey a décidé de relever le défi de retourner à l’école pour rattraper un rêve d’enfance avorté. Son histoire, à la croisée du courage et de la résilience, interpelle et inspire.

Il n’est ni élève en classe de CM2 ni jeune adolescent fébrile à l’approche de l’examen. Pourtant, en cette année 2025, ce couturier de 49 ans figure bel et bien sur la liste des 271 890 candidats inscrits à l’examen du Certificat d’Études Primaires (CEP). Une démarche audacieuse que l’homme assume avec humilité et détermination. « J’ai 49 ans, j’habite à Godomey. Je suis couturier de formation et candidat au CEP 2025 », confie-t-il avec fierté. Son parcours scolaire, interrompu au CM2 à la suite de grèves et d’un rejet du redoublement imposé, l’a longtemps éloigné des bancs. « Par mes bêtises, permettez-moi le terme, j’ai abandonné », reconnaît-il aujourd’hui.

Le poids du passé

Son abandon scolaire a laissé des traces profondes. « J’ai arrêté l’école en classe de CM2 à cause des grèves sous le régime de Kérékou. On nous a demandé de reprendre l’année, ce que je n’ai pas accepté.  Mon papa m’a bien chicoté. Il avait toutes les ressources pour m’envoyer loin dans les études. Mais vu que moi-même, j’ai désisté, ça a été difficile pour lui », raconte-t-il, le ton empreint de regrets.

Le déclic est venu des réalités professionnelles. Malgré ses compétences en couture et dans d’autres domaines techniques, il s’est souvent vu freiné par l’absence de diplôme. « Les institutions exigent un niveau intellectuel minimum, même si elles reconnaissent mes savoir-faire. J’ai compris qu’il fallait que je retourne chercher le CEP. », soutient-il.

« Je vais t’aider à avoir le b-a-ba », un soutien inattendu

Autour de lui, la décision suscite l’admiration. Enseignants, amis, voisins : nombreux sont ceux qui lui tendent la main. Certains directeurs d’école l’ont même invité à suivre les TD avec leurs élèves. « Ils me disent : viens, je vais t’aider à avoir le b-a-ba », confie-t-il, reconnaissant.

Ecoutez l’interview accordée au candidat de 49 ans

Mais le chemin reste semé d’embûches. Révisions le soir après le travail, difficultés de concentration, mémoire capricieuse… « C’est un peu lourd. Il faut chercher le quotidien pour la maison et, en même temps, se replonger dans les documents des enfants. Mais c’est un objectif que je veux atteindre. », reconnait-il.

Des matières plus coriaces que d’autres

Loin de baisser les bras, notre candidat se bat avec les armes qu’il possède. Les mathématiques et la géographie lui posent plus de problèmes. Il reconnaît avec sincérité : « Par exemple, si on me demande combien de personnes composent l’Assemblée nationale, je donne juste le chiffre, sans explication.  Je lis, mais je n’assimile pas toujours. Je laisse tout dans les mains de Dieu. »

Malgré cela, il reste lucide sur ses progrès. « Je me retrouve un peu dans ce que les enfants apprennent aujourd’hui. Mais je n’arrive pas à formuler les réponses comme eux. » Une différence générationnelle qu’il transforme en motivation.

Le CEP comme tremplin

Loin de considérer le CEP comme une fin en soi, il voit déjà plus loin. « Je me demande pourquoi ne pas tenter le BEPC l’année prochaine. Si rien ne m’en empêche, je vais continuer les études ou m’inscrire au cours du soir. » La soif d’apprendre est désormais ancrée.

Et à ceux qui, plus jeunes, abandonnent trop vite l’école, son message est clair : « J’ai abandonné, j’en paie aujourd’hui les conséquences. Si tu n’as pas un niveau intellectuel, tu ne peux pas te défendre dans certains milieux. Tu auras beau avoir les compétences de la vie, sans instruction, tu ne peux pas les valoriser. »

À l’heure où le Bénin s’apprête à lancer les épreuves du CEP 2025, le parcours de ce candidat de 49 ans rappelle que l’éducation n’a pas d’âge. Comme il le dit si bien : « La vie est un choix ». Le sien est un bel exemple de résilience et de foi en l’avenir.

Venance TONONGBE & Mystéria ALLAHIZI


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