Dans l’effervescence de la gare auto-moto de Calavi-Kpota et dans les ruelles animées de la commune d’Abomey-Calavi, une scène quotidienne se déroule sous nos yeux : des zémidjans, avec leurs sourires résolus et leurs espoirs tenaces, investissent leur foi dans les chiffres étincelants de la Loterie Nationale du Bénin (LNB). La promesse d’une fortune hasardeuse les attire comme un aimant, même si le chemin vers cette richesse reste semé d’embûches.
L’heure du premier tirage au sort vient de passer. Des conducteurs de taxi-moto, fidèles abonnés à la LNB, viennent de tenter, sans succès, leur énième chance de gagner le jackpot. Songeurs, ils partagent leurs bons et mauvais souvenirs au loto au micro de Lameteo.
Assis sur sa moto, un conducteur, la trentaine d’âge, le regard perdu dans l’horizon incertain de la chance, a toute une histoire avec les jeux de hasard. « La loterie n’est pas mauvaise, c’est une opportunité qui peut mener vers un trésor inattendu. À Baba Djèbou, au Nigéria, je jouais déjà, mais c’est ici, au Bénin, que j’ai commencé à participer à la loterie locale. J’ai gagné une seule fois, 12 500 FCFA, et depuis, le succès m’a fui. Parfois, je joue trois fois par jour, misant 300 FCFA, 400 FCFA, 600 FCFA, voire 700 FCFA. L’argent investi dans la loterie est considérable, j’aurais pu faire fortune autrement. »
Son voisin, absorbé par le ballet incessant des clients, ajoute : « Ce sont de petits sous, 50 000 FCFA, 25 000 FCFA, 12 500 FCFA, que je gagne. Lorsque je m’assieds et que je fais le bilan de mes dépenses pour la loterie, cela avoisine 200 000 FCFA. »
Cependant, tous ne sont pas optimistes quant aux promesses de la loterie. Certains, déçus par les pertes financières, déconseillent fortement à ceux qui n’y ont pas encore goûté de s’y aventurer. « La loterie peut rapporter, mais elle vous coûte cher. Si vous n’avez pas commencé, ne vous lancez pas », prévient l’un d’eux, son expérience amère en arrière-plan. Son avertissement est renforcé par un autre joueur qui vient de vivre la désillusion d’un investissement sans récompense.
“Un terrain de 250 m²”
Pourtant, malgré les déceptions, l’espoir reste vivace. Pour ces hommes en maillot, la loterie est plus qu’un jeu de hasard : c’est une lueur d’espoir, un chemin vers un avenir meilleur. « Mon objectif est d’évoluer et de connaître le bonheur. Même si c’est un terrain de 250 m² acheté grâce à cela, ce serait une fierté », confie l’un d’eux, reflétant le désir universel de prospérité et de bonheur.
Ainsi, la Loterie Nationale continue d’être le rêve partagé de ces zémidjans, une porte ouverte vers une vie meilleure, malgré les aléas du jeu et les doutes persistants.