Après la suspension de Radio Univers, une crise s’installe sur le campus d’Abomey-Calavi. Responsabilités, solutions… Lameteo a rencontré des acteurs.
La suspension de Radio Univers, l’une des institutions médiatiques phares de l’Université d’Abomey-Calavi, par la Fédération nationale des étudiants du Bénin (FNEB) le dimanche 20 octobre dernier, suscite de vives réactions tant sur le campus que dans les médias. Cette fermeture inattendue, survenue lors d’une Assemblée Générale (AG), met en lumière des tensions internes liées à la gouvernance de la radio, notamment le processus de désignation des responsables.
La FNEB, par la voix de son président Marius Tchomakou, a justifié la fermeture des locaux par le besoin de respecter la démocratie étudiante dans la gestion de l’institution. Selon la Fédération, les dirigeants de la radio devraient être élus par les étudiants, contrairement à la méthode actuelle de nomination, instaurée depuis plus d’un an. Pour les membres de la FNEB, cette nomination unilatérale constitue une violation des principes démocratiques.
Une crise interne de gouvernance
Pour les membres de Radio Univers, la situation est plus complexe. Arthur Togba Ahouian, chef de desk dans le bureau sortant, témoigne que “la FNEB est simplement opposée à la méthode de nomination des dirigeants, qui a été adoptée pour résoudre une crise interne à la radio”. Cette méthode, instaurée il y a deux ans, vise à garantir la stabilité de l’institution. Une ancienne responsable de Radio Univers, qui a requis l’anonymat, a confirmé que ce mode de désignation avait été mis en place par les fondateurs pour superviser rigoureusement les finances et la gestion de la radio. “Les fondateurs ont décidé de changer les textes, et bien que cela ne soit pas encore formalisé, ils ont déjà commencé à appliquer la nomination des membres du bureau”, a-t-elle ajouté.
Cependant, certains membres actifs de la radio estiment que la situation est plus nuancée. Rodrigue Alidé, un membre de la dernière promotion attestée, a déploré les méthodes brutales utilisées par la FNEB pour imposer ses vues. “Lorsque je suis arrivé dans les locaux de la radio, j’ai été surpris de voir des déchets jonchant le sol, comme après une fête. Il est clair que la méthode employée par la FNEB est excentrique”, a-t-il déclaré.
Une responsabilité partagée
Tout en critiquant l’intervention de la FNEB, Rodrigue Alidé reconnaît également les manquements internes. “Depuis deux ans, il n’y a plus d’élections pour désigner les dirigeants. Cela va à l’encontre des textes fondateurs de Radio Univers. La FNEB lutte contre cette situation, et il est évident que la responsabilité est partagée”, a-t-il conclu.
Face à la fermeture de la radio, les membres du bureau sortant appellent à un compromis pour rouvrir les locaux et permettre à la radio de reprendre ses activités essentielles pour les étudiants. “Il n’est pas question d’imposer une censure. L’intérêt des étudiants prime, et la radio joue un rôle clé dans leur accès à l’information”, a rappelé un membre de l’équipe sortante.
Vers une solution ?
Des sources internes indiquent que des discussions sont en cours pour trouver un terrain d’entente entre la FNEB et les responsables de Radio Univers. Le recteur de l’Université d’Abomey-Calavi aurait même demandé la levée de la suspension et la réouverture des locaux. Cependant, cette injonction n’a pas encore été suivie d’effets du côté de la Fédération estudiantine.
La situation reste donc en suspens, alors que Radio Univers, pilier de la presse universitaire béninoise, demeure fermée. Le campus de l’Université d’Abomey-Calavi attend avec impatience une résolution rapide pour permettre à cette institution de reprendre son rôle de formation et d’information.
