Roger Gbégnonvi est décédé le 12 juillet 2023. L’un des monuments du paysage intellectuel et politique du Bénin, l’illustre professeur, écrivain, chroniqueur, ancien ministre sera inhumé demain 26 juillet à Ouidah. Au travers de témoignages, d’anecdotes et de réactions, Lameteo vous fait revivre son parcours. Lire ici l’hommage de Valérie Paraïso.
HOMMAGES A ROGER GBEGNONVI
Par Valérie D. M.-M. PARAISO, professeur d’anglais
Mon cher camarade de fac en Lettres modernes (Université du Dahomey 1972-1974) frère et ami devenu, membre co-animateur et rédacteur en chef de Perspectives 7 du Club du 7è Art de notre admiré feu “Maître” l’éminent Pr Richard Béby de Medeiros.
Nos séances de ciné-club au CoDiAm, avec les films du CCF et le matos du Centre Culturel Américain.
Roger, Jean-Marc Afoutou, Jean-Norbert Vignondé, venus (ou échappés😉) du Grand Séminaire Saint Gall de Ouidah, nos aînés, des têtes déjà bien pleines, caracolaient dans le top 5 aux redditions des compos. Conquis par le style décalé du prof, sa pédagogie innovante et l’originalité du cours sur le Surréalisme et le Mouvement dadaïste, nous avons fait bloc, avides de liberté de rêver, penser large, d’écrire audacieux voire de chercher noise. Il y avait Justin Kiniffo, Huguette Dégboé, Emma de Souza, Annick d’Ameida, Monique Dévoh, Elvire Vignon, (par moments) Albert Gandonou, Céphas Gbénou…, et Simon Pierre, le jeunot blanc VSN (Volontaire du Service National du Centre Cunturel Français, dans les coulisses, designer de notre modeste et éphémère périodique…. Éphémère, oui, la révolution marxiste ayant investi la présidence militarisée. …
Le 14 juin 1974, au petit goûter de mes 21 ans à la maison, Roger Gbégnonvi a porté la parole de vœux de notre bande de potes devant mon père, un oncle, ma fratrie et une grande absente…
A la rentrée académique 1974-75, et zou !!! ! tous à la craie ! : professeurs révolutionnaires nous : fûmes décrétés… 3è Année de toute l’UD, l’Université du Dahomey fermée. La 1ère promo, celle qui a inauguré les nouveaux locaux à Calavi, c’était la nôtre.
Violemment arrachés à la matrice de l’Alma mater qui commençait à peine à peaufiner nos desseins d’alors, nous voilà déployés tous azimuts dans le pays… ; on se perd de vue…, un peu, assez, longtemps et on se revoit. 10 …15 ans sont passés.
Roger Gbegnonvi gérait le projet Songhaï à Ouando quand je l’ai revu ; ensuite Fondation allemande Friedrich Naumann, puis une autre fois à Ouidah, avec son épouse allemande Gaby…, une dernière fois, Jean-Marc Afoutou m’accompagnait…
De mon exil, j’apprends son entrée en politique. Tiens ! Roger ? Si on le laisse appliquer ses idées oui….
À nos retrouvailles, il avait déjà été démissionné., et il se retiendra de répondre à ma question de savoir pourquoi.
Mo, c’est toi qui m’as appris qu’il était devenu chroniqueur. J’ai suivi. Quelques fois pas d’accord avec lui mais toujours admirative de sa plume poncée à la roche du savoir …et de l’expérience. Cet épisode aux hautes charges… Cette envie de croire que le moment est venu de rendre le monde meilleur …mais faire de la politique, y a-t-il jamais été préparé ? Un très carré comme lui… Je l’ignore…
Brillant intellectuel, rhéteur hors pair, malaxer, triturer, retourner les idées, les concepts, analyser aligner ses philippiques, pas toujours méritées, contre des cibles blessées, ça il savait le faire. Un excellent boxeur sachant donner des coups, capable d’en encaisser également.
Cher camarade, frère et ami Roger, (partageant ce prénom avec mon père) … tes batailles multiples et variées ont pris fin.
Ton combat cesse, on nous dit que tu t’en es allé, dans la solitude de ton sanctuaire, entouré juste de ta formidable bibliothèque personnelle tes amis les livres…
Je gage que tu en as reçu, autant que transmis et enseigné, pour t’être prévu un viatique consistant pour ton chemin vers la Maison du Père/Mère omniscient que je prie humblement d’accueillir ton âme dans la Paix et la Lumière de Sa divine miséricorde.
À Dieu vat!
Farewell, my dear Brother Rogeur’s
