Un rapport de l’ONG ActionAid relance la revendication des pays africains pour une juste compensation climatique. Alors que l’Afrique ne reçoit qu’une infime partie des financements promis, sa dette extérieure pourrait être effacée si les pays du Nord honoraient leur dette climatique évaluée à 36 000 milliards de dollars.
Un gouffre climatique sépare le Nord et le Sud. Dans un rapport accablant publié en février 2025, l’ONG internationale ActionAid chiffre à 21 billiards de francs CFA, soit 36 000 milliards de dollars américains, la dette climatique des pays riches envers l’Afrique. Une somme astronomique que ces pays n’ont jamais réglée malgré leur responsabilité historique dans le réchauffement de la planète.
Basée sur le concept de « compensation pour appropriation atmosphérique » développé par les économistes Jason Hickel et Andrew Fanning, cette estimation met en lumière l’usage disproportionné du budget carbone mondial par les pays industrialisés depuis 1850. Pendant que ces derniers émettaient massivement des gaz à effet de serre, l’Afrique, peu industrialisée, subissait de plein fouet les conséquences climatiques sans en être responsable.
Une dette qui pourrait changer la donne
Selon Agence Ecofin, cette dette climatique suffirait à éponger la totalité de la dette extérieure africaine, évaluée à 700 milliards de dollars (soit plus de 413 000 milliards de francs CFA). Pourtant, l’Afrique ne reçoit que 5 % du financement climatique mondial, souvent sous forme de prêts à des taux prohibitifs.
Les pays du Nord, pourtant débiteurs, appliquent aux pays en développement des taux d’intérêt moyens de 9,8 %, quand l’Allemagne bénéficie par exemple d’un taux de 0,8 % sur ses propres emprunts climatiques. Une injustice financière dénoncée par de nombreux acteurs du Sud global.
L’échec des négociations pour l’augmentation du financement climatique lors de la COP29 à Bakou et le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris sous Donald Trump n’ont fait qu’aggraver la fracture entre pays riches et pays vulnérables.
L’ancien objectif de 100 milliards de dollars annuels fixé par l’Accord de Paris en 2015 est devenu obsolète. L’ONU a revu les ambitions à la hausse en 2024, avec un objectif de 890 milliards de dollars dès 2025 et 1 460 milliards de dollars à horizon 2030. Mais sans mécanisme contraignant, rien ne garantit que ces promesses seront tenues.
Plaidoyer pour une justice climatique
Face à ce déséquilibre, le rapport d’ActionAid formule plusieurs recommandations. Il appelle à la création d’une convention mondiale sur la dette sous l’égide des Nations Unies, à l’annulation des dettes souveraines des pays africains en guise de réparation, et à un transfert annuel équitable de 1 400 milliards de dollars jusqu’en 2050.
Pour les pays africains, ces propositions ne sont pas de simples doléances, mais une exigence de justice climatique. Le continent réclame des engagements concrets, à la hauteur des préjudices subis. Sans quoi, la transition écologique mondiale restera un projet inéquitable, porté sur les épaules de ceux qui ont le moins contribué à la crise.