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Dans l’univers des marchands du “doux petit Jésus”

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Le commerce de la foi se porte bien en Afrique et donc aussi au Bénin. C’est l’un des secteurs d’investissement qui rassure l’opérateur économique en termes de retour sur investissement et surtout de plus value.

Michel Sossou, pasteur d’une église fondamentaliste, nous a confié que : « Le commerce de la foi paie et nourrit bien ceux qui ont compris que la recherche du paradis peut être capitalisée. Pour atteindre leurs objectifs, les entrepreneurs spirituels ont trouvé que la première démarche consiste à se détacher des églises préexistantes c’est-à-dire, l’église catholique ou l’église protestante pour créer des églises dont ils sont les seuls garants. » « Ces églises, fait remarquer le pasteur, mettent l’accent sur un évangile qui est orienté sur l’accomplissement des miracles et de la guérison des malades. Les pasteurs recourent à toutes sortes d’artifices et de gymnastique pour tenir en haleine les fidèles avides de sensations. »
Selon le pasteur Sossou, plus les fidèles contemplent le spectacle ou ces mises en scène et adhèrent, mieux les évangélistes les tiennent et les manipulent à souhait : « Sur le plan financier, il leur fait acheter tout et n’importe quoi. Des huiles que tout le monde peut acheter à 1000 frs au marché sont vendus à 10.000 frs voire plus. Des multiples quêtes sont organisées au cours d’une seule célébration. Les voyages et autres besoins de l’évangéliste sont gracement financés par les fidèles qui le font parfois au delà des montants demandés. »

Fidèles d’une église à Cotonou

Après l’entretien avec le pasteur, un tour de quelques églises dans la ville de Cotonou. Nous avons porté notre choix sur les églises nouvelles ou dites de réveil sans pour autant affirmer que les églises classiques sont les meilleures.
Dans un coin du quartier Akpakpa. Une église très belle, d’une capacité de contenance d’environ deux mille âmes, avec une salle remplie et entièrement climatisée. Pour un culte qui n’excède pas 90 minutes, le moment des offrandes est marqué par l’absence de pièces de monnaie. Les fidèles prennent à l’entrée des enveloppes. Ils ne doivent y insérer que des billets de banque lors des offrandes. Trois voire quatre cultes sont célébrés chaque dimanche. Faites vous-mêmes les comptes.

D’une église à l’autre, le promoteur use de son stratagème pour faire sortir de l’argent. Au quartier Menontin par exemple, l’Evangéliste d’une église fait arriver devant l’autel, des fidèles qu’il dit être possédés soit de l’instinct de mort ou de toute autre puissance maléfique. Il faut donc les exorciser et pour ce, une kyrielle de choses sera nécessaire à acheter, choses curieusement vendues dans l’église. On dirait que les évangélistes, malgré les dénominations distinctes, sont sortis du même moule. Ils tiennent presque les mêmes discours, procèdent presque de la même manière pour opérer ce que leurs fidèles considèrent comme étant des miracles.

Dans ces églises, pendant que la moitié des fidèles au moins, présente une allure de pauvres en esprits et en chair, les évangélistes ont plutôt fière allure avec parfois des dernières sorties de voiture de luxe et des costumes trois pièces bon choc, bon genre. Comme quoi, on profitera toujours de la naïveté des autres pour se faire une place au soleil.

Sauf que de nombreux fidèles approchés sont entièrement convaincus de la grandeur de la foi de leurs évangélistes et témoignent avoir déjà vécu ses bienfaits. Est ce par un simple jeu mental ou par véritable expérience de foi ? Difficile d’en répondre avec certitude. Toujours est-il que d’un quartier de la ville de Cotonou à l’autre, les églises poussent, les fidèles se multiplient et leurs promoteurs semblent se frotter les mains d’avoir opté pour le meilleur des business du moment, “le doux petit Jésus et de son Évangile” .

Mathieu Toko


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